Prompt à encaisser des coups, Tiken Jah Fakoly n’hésite pas à affirmer sa liberté de ton. Le reggae ivoirien a commenté le coup d’Etat contre le Président Alpha Condé survenu dimanche dernier en Guinée.
«Le pouvoir lui est monté à la tête, il se croyait tout-puissant et il n’écoutait personne», s’est lâché Tiken Jah Fakoly, qui était, hier, l’invité de la radio Fim Fm de Guinée. Pour cette figure emblématique de la musique reggae en Afrique, Alpha Condé s’est entêté à s’octroyer un troisième mandat. «Il avait piétiné la démocratie en faisant un coup d’Etat constitutionnel. Tout le monde était fatigué d’Alpha Condé, donc, je ne suis pas surpris par ce coup d’Etat. Malheureusement, il est entré dans l’histoire par la petite porte», dénonce Tiken Jah. Le chanteur a sommairement décrit la personnalité de Condé avant de révéler aux auditeurs des échanges qu’il a eus avec le président guinéen. Tiken affirme que Condé n’aime pas être contredit. En 1998, Tiken Jah Fakoly avait chanté pour appeler à la libération de Alpha Condé, alors opposant détenu à la Maison d’arrêt de Conakry par le régime militaire de Lansana Conté. Une fois sorti de prison, Alpha Condé a invité le chanteur ivoirien à déjeuner. «Il m’a appelé quand il est sorti de prison, on a déjeuné ensemble à Paris. Cela m’a permis d’avoir une idée sur la personne, c’est quelqu’un qui n’aime pas être contredit», confie Tiken. Pourtant, en 2019, Tiken Jah Fakoly avait mis en garde Alpha Condé pendant que ce dernier s’apprêtait à modifier la constitution guinéenne pour pouvoir briguer un troisième mandat. «J’ai dit personnellement au président Alpha Condé que ce n’est pas une bonne idée. Le troisième mandat ne passera pas en Afrique de l’Ouest parce que la jeunesse est réveillée», avait déclaré en mai 2019, le reggae-man ivoirien sur les antennes de Rfi. Une mise en garde qui apparaît aujourd’hui comme une prophétie.
Baba MBALLO