Sur les 766 milliards 988 millions 450 mille 362 F Cfa prévus par le gouvernement dans le cadre du Plan décennal de lutte contre les inondations à Dakar et dans les régions, 511 milliards 231 millions 298 mille 456 F Cfa ont été exécutés. Un bilan à mi-parcours du gouvernement qui soulève des doutes au sein de l’opposition parlementaire.
Même s’il reste encore à faire pour arriver à la maitrise totale des inondations à travers le pays, les efforts déployés dans le cadre de la mise en œuvre du programme de gestion des inondations 2012-2022 ont commencé à être efficaces et des progrès notoires sont ressentis. En particulier, la construction d’infrastructures de drainage des eaux pluviales dans des quartiers jadis soumis aux inondations a permis de réduire efficacement le phénomène. Et de libérer par la même occasion des eaux plusieurs zones habitées à Dakar et dans les autres régions avec des impacts réels notamment à Ouest-Foire, Grand-Yoff, Dalifort, Wakhinane-Nimzatt, Yeumbeul, Médina Gounass, Djidah Thiaroye Kao, Keur Mbaye Fall, Guinaw Rail Nord, etc., selon le gouvernement dont quelques-uns des ministres faisaient face aux députés, hier, à l’Assemblée nationale pour la restitution des conclusions de la mission d’information parlementaire sur les inondations. Selon eux, le relogement de milliers de familles qui se trouvaient dans les zones basses et irrécupérables en mettant à leur disposition des maisons clés en main dans des zones à l’abri des inondations est aussi un point positif qui matérialise l’engagement de l’Etat à réduire la vulnérabilité des populations. «Le programme décennal a fait l’objet de plusieurs évaluations notamment en 2017 et 2018 qui ont permis de mettre en évidence les réalisations et performances de plusieurs entités de l’Etat dans le cadre de la connaissance des territoires, de leur restructuration, du relogement et du drainage des eaux de pluies. La présente évaluation montre que le programme initial de 766 milliards 988 millions 450 mille 362 F Cfa est présentement exécuté à hauteur de 511 milliards 231 millions 298 mille 456 F Cfa, soit 66,65 %», signalent le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, et ses collègues.
Des arguments et des chiffres qui sont loin de convaincre les députés du camp de l’opposition. Toussaint Manga, député du Groupe parlementaire Liberté et démocratie rappelle que le c’est le Président Macky Sall qui, arrivé au pouvoir en 2012, disait «que c’est fini les inondations à Dakar et sa banlieue». Aujourd’hui, le chef de l’Etat annonce dit-il, un plan décennal de 766 milliards 988 millions 450 mille 362 F Cfa, exécuté à hauteur de 511 milliards 231 millions 298 mille 456 F Cfa, soit 66,65 %, alors que les inondations sont toujours d’actualité, relève le parlementaire. «La question que je me pose, c’est de savoir où sont les ouvrages que vous avez construits avec cet argent ? Franchement, il y a un problème. Malgré ce pactole mis dans ce plan, je vous garantis qu’il y aura des inondations. Les problèmes des inondations sont encore réels au Sénégal. Soit ce plan décennal n’a pas été exécuté avec le montant signalé ou il a été très mal exécuté. Et en ce moment, il faut situer les responsabilités. Si on engloutit aujourd’hui, plus de 500 milliards de F Cfa et que nous vivons toujours la même situation, il y a problème», martèle Toussaint Manga.
Abdoulaye Baldé, député de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs) estime, pour sa part, que les régions sont laissées en rade dans le cadre de ce plan décennal. Pour lui, il faut que des efforts soient faits par le gouvernement, parce que, selon lui, au-delà de la capitale sénégalaise, dans d’autres régions du pays, notamment à Ziguinchor, les populations ont déjà les pieds dans les eaux. «Il faut que des efforts soient faits. Au moment où je parle il y a des inondations déjà à Ziguinchor. Quand il y a des inondations, ce sont souvent nous les maires qui sommes interpellés par les populations. Il faut qu’on soit associé dans ce plan de décennal», lance Abdoulaye Baldé. «Avec les premières pluies qui sont tombées la semaine dernière, à Guédiawaye, nous avons déjà les pieds dans les eaux. Et Je parle sous le contrôle des populations et de mes collègues qui habitent dans la banlieue», fait remarquer le député Woré Sarr.
Samba BARRY