Chronique de WATHIE
Si son corps est sain, on ne peut en dire autant de son esprit. Nommé ministre parce qu’il a, une fois, joué aux “nawétane” et qu’il est proche de Marème Faye SALL, Matar BA s’arroge le droit de louper sa mission et le devoir de s’en prendre au modèle qu’il n’est pas et qu’incarne Sadio MANÉ. Seulement, dans ce Sénégal de Macky, les cancres et les sots tiennent le Pouvoir, le mérite prend rides et les vertueux salis s’enlisent.
“Ce qu’il faut éviter, c’est de faire des comparaisons. On ne peut pas avoir les mêmes conditions qu’à Liverpool ou Manchester (…) Quand on est en Afrique, il faut se mettre dans la tête qu’on peut être confronté à des difficultés, lesquelles peuvent être liées à des gazons, à l’environnement ou même à des conditions de voyage”. C’est le Sénégal à l’envers! Pour avoir dit ce que tous les Sénégalais ont constaté, Sadio MANE reçoit une volée de bois vert. Après le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), c’est le ministre des Sports qui porte cette réplique à l’international sénégalais qui s’est dernièrement plaint de l’état catastrophique de la pelouse du stade Lat Dior de Thiès. Si Augustin SENGHOR est susceptible de bénéficier de circonstances atténuantes pour être parti de son île de Gorée à la conquête du football sénégalais et africain, Matar BÂ, lui, ne devrait pas avoir droit au chapitre. L’un des rares secteurs où Macky SALL a réellement investi, il en a fait une caisse de résonance des échecs.
Avant que le couperet de la Confédération africaine de football (CAF) ne tombe, écartant les stades sénégalais de ceux homologués, nous demandions déjà ce que Matar BA continuait à faire à la tête de ce département qu’il manage dans un informel que même certains commerçants de Sandaga ont abandonné. L’on se rappelle du regroupement de l’équipe nationale, qui se préparait pour l’Afrobasket 2017, le ministère des Sports avait curieusement fait face à des problèmes d’argent pour gérer des dépenses relatives au séjour des Lions du basket en Espagne. Et c’est Gorgui SY DIENG qui fut sollicité pour payer la note. Après avoir abondamment sué sur le terrain, le capitaine de l’équipe nationale mettait la main à la poche pour PRETER aux officiels de l’argent. Une grave affaire qui allait pourtant passer inaperçue. Mais c’était sans compter sur l’amateurisme dans lequel se meut le département dirigé par Matar BA qui ne pèche pas que dans l’imprévoyance. Après avoir signé une décharge en bonne et due forme, les services du ministère des Sports ne vont ni respecter leurs engagements, ni inciter les fédéraux à payer aux joueurs. Se disant, probablement, que le garçon a assez de pognon. La suite est connue, le basketteur rendit la créance publique et suscita une vive polémique. A la place de Matar BA, c’est le Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement (DAGE) du ministère des Sports, Amadou Tidiane FALL, qui fut limogé. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la même histoire va se répéter au mois de mars 2017 à Londres où les Lions ont failli dormir à la belle étoile à défaut de s’éparpiller dans la ville après avoir joué contre le Nigeria en match amical. L’hôtel qui les hébergeait avait décidé de ne plus les recevoir parce que la note n’avait pas été réglée par les officiels. Il a fallu que Kalidou KOULIBALY et un certain Djily DIENG mettent la main à la poche pour éviter au Sénégal une autre humiliation.
La gestion de Matar BA ne souffre pas que de factures impayées. Non seulement le Sénégal ne glane pas de récompenses, mais se fait aussi ridiculiser. Les Jeux Olympiques de Rio 2016 sont la plus belle preuve de l’amateurisme des responsables du Sport sénégalais. Avec une délégation de 52 membres pour seulement 22 athlètes, le Sénégal a été le dindon de la farce au Brésil. Devant les caméras du monde, lors de ces jeux, Hortense DIÉDHIOU, porte-drapeau de la délégation sénégalaise, est montée sur le tatami avec un kimono brésilien. Ainsi, la somme de 800 millions dégagée par l’Etat servirent plus au tourisme à la grande délégation sénégalaise qu’aux athlètes qui sont rentrés, bien évidemment, sans la moindre médaille. En réaction, le ministre des Sports dira : «Nous savions que les JO sont un rendez-vous extrêmement important (…) quand nous allions à Rio, nous savions pertinemment que nous ne pouvions pas gagner une médaille». C’est le député Cheikhou Oumar SY qui se chargea de la Réplique : «Quand un ministre de la République dit nous savions que nous ne pouvions pas gagner de médailles, il doit simplement rendre le tablier. Cela veut dire en quelque sorte, nous n’avons pas travaillé à créer les conditions de réussite de nos athlètes aux JO».
Cheikhou Oumar SY n’est plus député mais Matar BA est toujours ministre. Il a survécu au drame du stade Demba DIOP qui s’est écroulé en dépit de la facture salée de sa réhabilitation quelques mois plus tôt. Il va également survivre à la sanction de la CAF qui écarte les stades sénégalais de ceux homologués faisant des “Lions” des “sans domicile fixe”. Pourtant, en décembre 2017, lors de l’examen du budget du ministère des Sports, le même Matar BÂ disait aux députés : «l’indisponibilité de stades répondant aux normes est le facteur principal qui bloque notre ambition d’organiser une CAN ». Plusieurs années se sont écoulées et c’est toujours le statu quo qui prouve à ceux qui en doutaient encore que ce ministre est tout simplement nul.
Protégé par la presse, couvé par le couple présidentiel (son ancien collègue Mbagnick NDIAYE a révélé qu’ils ont été nommés tous les deux ministres grâce à Marème FAYE SALL), Matar BA se sent pousser des ailes et entend planer au-dessus de tout le monde. Il feint d’oublier que le Sénégal, qui n’a pas de stade, ne gagne rien à part au Beach soccer qui ne demande qu’une plage et un ballon et s’en prend à un Sadio MANE, qui en dépit de la bonne image du Sénégal qu’il répand dans le monde, oeuvre dans un social qui met en exergue le fiasco des gouvernants. Le joueur de Liverpool a construit un hôpital à Bambaly sur fonds propres. Que serait Matar BA sans Macky SALL?
C’est à ce dernier qu’il faut en vouloir. Sur les 17 millions de Sénégalais, avec des sommités dans tous les domaines, le leader de l’APR jette son dévolu sur des hommes politiques très limités, qui loin de fasciner par leurs idées, agacent par leur inculture manifeste. Il n’est pas question de Moustapha Cissé LO ou d’Abdou MBOW, mais de ministres de la République que Macky met au-devant de la scène, pour un bourdonnement dans les oreilles qui empêche de percevoir les complaintes des laissés-pour-compte.
Mame Birame WATHIE