Chronique de WATHIE
Le décalage entre le discours des populations, qui ont pris fait et cause pour la Palestine, et celui des autorités, qui caressent Israël dans le sens du poil, est symptomatique de la politique diplomatique du Sénégal sous Macky SALL. Les positions de principes piétinées, notre pays se montre très petit face aux « riches », comme la France ou encore Israël qui, à défaut de lui dicter la conduite à tenir, l’engagent dans un suivisme proche de la posture du larbin.
“Israël, Etat terroriste”; “non au massacre des enfants innocents”; “Israël, ennemi de l’Islam” etc. Ces messages étaient parmi les plus visibles ce vendredi 21 mai à la place de la Nation où les Sénégalais se sont mobilisés en masse pour manifester leur solidarité au peuple de Palestine. Des discours sans ambages ponctués par des prières souhaitant l’effondrement de l’Etat hébreu. Cette position clairement exprimée par les Sénégalais est aux antipodes du discours des autorités.
“Le Gouvernement de la République du Sénégal est gravement préoccupé par la situation qui prévaut actuellement dans les territoires palestiniens et en Israël.
Le Gouvernement du Sénégal condamne le recours à la violence sous toutes ses formes et appelle à la retenue et à la désescalade.
“En sa qualité de président du comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, le Sénégal réitère son attachement à l’avènement d’un Etat palestinien viable coexistant avec l’Etat d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues”.
Ce sont les trois phrases du communiqué de l’Etat du Sénégal. Pendant que les missiles s’abattaient sur la bande de Gaza causant des centaines de morts, Aissata TALL SALL traîne son spleen dans un communiqué et disserte sur l’avènement d’un Etat palestinien. A aucun moment, les agressions de l’Etat hébreu ne sont dénoncées, ses exactions condamnées. Pis, comme l’indique l’ancien Premier ministre Abdoul MBAYE, “ce communiqué du Sénégal met en équilibre l’agression israélienne, la violation du troisième lieu de culte musulman et la confiscation de demeures de palestiniens d’une part, et une riposte de faible ampleur d’autre part”. Un manque de courage notoire qu’il ne faut tout de même pas imputer au ministre des Affaires étrangères. C’est Macky SALL qui l’a envoyé au casse-pipe pour ne pas avoir à se prononcer sur ces attaques sionistes. Et c’est parce que Aissata TALL SALL a été décriée, son communiqué et son “moussor” déchirés, que Macky SALL s’est hasardé, le jour de la Korité, à évoquer le sujet, non sans recourir à des gants. “Le Sénégal, depuis 1975, préside la commission pour les droits inaliénables du peuple palestinien. Donc, il est de notre devoir de faire cet appel pour que la paix et la stabilité puissent être rétablies dans le respect du droit international. Israël est également un partenaire. Nous l’invitons à tenir compte de la situation et à agir dans le sens de l’apaisement”, a dit Macky SALL. Un vrai discours de poltron qui a incité l’ambassadeur de la Palestine à Dakar à juger la position du Sénégal énigmatique.
Certains pourraient croire qu’il s’agit d’un discours diplomatique qui cherche non pas à heurter mais à concilier. Seulement, ce serait perdre de vue que le Sénégal, sous Macky SALL, a érigé la diplomatie alimentaire comme politique extérieure. C’est cette diplomatie qui empêche aux officiels de tenir un discours de vérité aux autorités des pays dans lesquels les Sénégalais sont régulièrement malmenés. C’est celle-là même qui a incité le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, à venir à Dakar négocier le rapatriement des migrants sénégalais en situation irrégulière dans son pays. C’est cette même politique qui fait que quand le 5 juin 2017, l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de “soutenir le terrorisme et des organisations extrémistes”, le Sénégal avait aussitôt rappelé son ambassadeur pour consultation. C’est cette même diplomatie qui fait que Macky SALL a été le premier à Paris, la semaine dernière, pour les besoins d’un sommet devant “redéfinir les règles de financement des économies africaines”.
La diplomatie rayonnante à même de régler des crises en Afrique et dans le monde, le Sénégal ne fait plus que s’en souvenir. Pour s’être éloigné de la démocratie, il est désormais rentré dans les rangs. Ainsi, comme les autocrates qui cherchent à se maintenir au pouvoir, Macky SALL a choisi de s’allier aux “riches” et aux “amis de Charlie” qu’il est décidé à suivre en dépit de la clameur populaire.
Mame Birame WATHIE