Les transferts de la diaspora africaine ont affiché une forte résilience en 2020. En dépit de la pandémie du Covid-19, le continent a reçu 83 milliards de dollars. Si les transferts des Nigérians ont fortement chuté, ceux des Egyptiens et des Marocains ont surpris en augmentant fortement.
Les pronostics alarmistes sur la chute du volume des transferts des migrants africains à cause de la pandémie du Covid-19 ne se sont pas avérées. Au contraire, ces transferts d’argent de la diaspora africaine ont affiché une forte résilience en 2020. Selon les données compilées du rapport de la Banque Mondiale sur les transferts dex migrants, ceux-ci n’ont baissé que de seulement -2,6%, comparativement à 2019, pour s’établir à 83 milliards. Et cette baisse est le fait presque uniquement du Nigeria, second bénéficiaire de transfert des migrants du continent et dont les transferts ont chuté de presque 28%.
Autrement dit, on est loin des projections alarmistes de la Banque mondiale qui avait prédit, en mai 2020, une chute de 19,6% des transferts au niveau de la région Moyen-Orient & Afrique du Nord (Mena) et 23,1% en Afrique subsaharienne. Idem pour la Commission économique pour l’Afrique (CEA), organe relevant de l’ONU, qui avait pronostiqué une chute des transferts des migrants africains de 21%, comparativement à 2019, pour s’établir à 67 milliards de dollars en 2020.
insi, officiellement, les transferts des migrants africains se sont établis à 83 milliards de dollars, répartis presque en parts égales entre les pays d’Afrique du Nord (Egypte et Somalie comprises) et ceux de l’Afrique subsaharienne.
Les pays d’Afrique du Nord ont drainé des transferts atteignant 41 milliards de dollars, un montant en hausse de plus de 10,21% par rapport à celui de 2019. Derrière cette embellie surprenante, il y a bien évidemment le bon comportement des transferts des diasporas égyptiennes et marocaines.
Voici les 10 premiers pays africains bénéficiaires des tranferts des migrants en 2020
Rang | Pays | Montant en dollars | Variation (%) |
1er | Egypte | 29,6 milliards | 10,45% |
2e | Nigeria | 17,2 milliards | -28,00% |
3e | Maroc | 7,4 milliards | 10,45% |
4e | Ghana | 3,6 milliards | 2,86% |
5e | Kenya | 3,1 milliards | 10,71% |
6e | Sénégal | 2,6 milliards | 4,00% |
7e | Tunisie | 2,1 milliards | 10,53% |
8e | RDC | 1,9 milliard | 5,50% |
9e | Algérie | 1,7 milliard | -5,55% |
10e | Somalie | 1,7 milliard | nd |
Les transferts de l’importante diaspora égyptienne estimée à 10 millions d’âmes dans le monde dont plus de 6 millions au niveau de la région du Golfe, se sont établies à 29,6 milliards de dollars, contre 26,8 milliards de dollars en 2019, soit une hausse de 10,45.
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Outre son importance, cette hausse s’explique par plusieurs facteurs dont la volonté de soutenir les familles restées au pays et qui sont durement impactées par la crise qui a mis à genou le tourisme égyptien, poumon de l’économie et un des principaux pourvoyeurs d’emplois, le coût faible des transferts au niveau de la région du Golfe vers l’Egypte, résilience des pays d’accueils (pays du Golfe notamment) de la diaspora, etc. L’Egypte est le 5e pays bénéficiaires des transferts de migrants au monde, derrière l’Inde (83 milliard de dollars), la Chine (60 milliards de dollars), le Mexique (43 milliards de dollars) et les Philippines (35 milliards de dollars).
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Loin derrière l’Egypte suit le Maroc avec des transferts qui ont atteint 7,4 milliards de dollars en 2020, contre 6,7 milliards de dollars en 2019, soit une hausse de 10,45%. Outre le soutien aux familles restées au pays et qui ont été touchées par les effets de la crise sanitaire, ces transferts sont facilités par la très forte implantation des banques marocaines dans les pays d’accueil des migrants marocains, fortement présents sur le continent européen. Le fait aussi que les migrants marocains ne soient pas revenus durant les grandes vacances d’été et durant les fêtes religieuses a permis à ceux-ci de réaliser des épargnes dont une partie a été transférée au Maroc en soutien aux familles.
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Cela a été aussi le cas pour la Tunisie dont les transferts ont augmenté de 10,53% à 2,1 milliards de dollars, par rapport à 2019. Toutefois, les transferts de la diaspora algérienne ont connu une contraction de 5,55% à 1,7 milliard de dollars.
Du côté de l’Afrique subsaharienne, les transferts ont atteint 42 milliards de dollars, en baisse de -12,5% par rapport à l’année précédente. Cette forte baisse dans cette partie du continent est toutefois loin d’être homogène. Elle est le fait uniquement du Nigeria, second pays bénéficiaire des transferts de migrants du continent après l’Egypte. En dehors du Nigeria, les transferts de la diaspora subsaharienne ont augmenté de 2,6% en 2020.
En effet, la première économie africaine et le pays le plus peuplé du continent a vu les transferts de sa diaspora reculer très fortement de 28% en 2020, comparativement à 2019, pour s’établir à 17,2 milliards de dollars. Outre les impacts de la crise sanitaire sur la diaspora nigériane très présente au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, pays durement touchés par la pandémie en 2020, cette baisse peut s’expliquer, en partie, par les coûts des transferts élevés qui poussent certains à privilégier les circuits parallèles de transfert d’argent qui se développent en Afrique et qui sont utilisés comme alternative aux organismes de transfert classique comme Western Union et les banques.
Loin derrière le Nigeria suivent le Ghana (+2,90% à 3,6 milliards de dollars), le Kenya (+10,71% à 3,1 milliards de dollars), le Sénégal (+4% à 2,6 milliards de dollars), la RDC (+5,5% à 1,9 milliard de dollars) et la Somalie (1,7 milliard de dollars).
Il faut aussi souligner que les données sur les transferts des migrants africains sont peu fiables et tendent à sous-estimer le montant réel des transferts. En effet, de nombreux montants passent par des canaux informels.
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Ces transferts ont un impact économique et social indéniable en Afrique. Pour certains pays, les montants transférés par la diaspora représentent une part non négligeable par rapport au PIB du pays. C’est le cas du Lesotho où les transferts représentent l’équivalent de 20,6% du PIB du pays. C’est valable aussi pour la Gambie (15,6% du PIB), le cap Vert (13,9% du PIB), les Comores (13,2% du PIB), le Liberia (11,0% du PIB), le Sénégal (10,5% du PIB), la Guinée Bissau (8,6% du PIB), l’Egypte (8,2% du PIB),…
Ensuite, ces transferts contribuent fortement à améliorer les réserves de change des pays récepteurs et contribuent ainsi à l’amélioration de la balance des opérations courantes de nombreux pays du continent.
Au-delà, c’est surtout l’impact social de ces transferts qui est indéniable. Les transferts d’argent des migrants aident les populations africaines à subvenir à leurs besoins essentiels (nourriture, santé, éducation,…), à la réalisation de nombreux petits projets (jardins maraichers, puits, écoles, électrification,…) dans les villages africains.
Reste que les transferts d’argent vers le continent demeurent chers. Le coût moyen d’un transfert de 200 dollars se situe atour de 9% en Afrique subsaharienne, contre une moyenne se situant autour de 6,5% au niveau mondial. Du coup, de plus en plus de migrants préfèrent passer par les marchés parallèles de transfert d’argent qui ont l’avantage d’être moins coûteux. Seulement, ces transferts ne sont pas comptabilisés par les services statistiques des pays africains et la Banque mondiale.
Enfin, il faut souligner qu’au niveau mondial, les transferts des migrants n’ont baissé que de -1,6% à 540 milliards de dollars.
Le360afrique