Ce ne sont pas les populations qui sont les seules victimes des litiges fonciers. Marius Sagna, le leader du mouvement Frapp France Dégage, soutient que les investisseurs sont aussi des victimes. Il donne le cas Babacar Ngom, spécialisé dans l’aviculture.
«Il a fait une demande au conseil rural à l’époque. 45 des 46 conseillers ont approuvé. Il a déposé sa demande de bail, de titre foncier en bonne et due forme. Il n’y a rien dans ce que Babacar Ngom a fait qui soit illégale. S’il y a illégalité, c’est du fait de l’Etat», défend-il. C’est pourquoi, il affirme que l’Etat du Sénégal devait prendre des décrets pour délimiter les différentes zones foncières pour éviter les violences entre les populations. La zone pionnière est celle pour les investissements, celle des terroirs est pour les villageois, dit-il. «L’Etat a laissé ce flou, parce que ça lui permet de jouer, de s’enrichir avec le foncier. C’est ça qui s’abat sur les habitants de Ndingler et de Djilakh et sur les investisseurs sénégalais», déclare Guy Marius Sagna, ajoutant en effet que l’attitude de l’Etat fait des populations des terroirs des victimes, car les frontières sont floues.
En parlant des cas de Djilakh, Ndingler…terroirs en proie à des violences entre voisins, Guy Marius Sagna fait savoir que les populations habitent là-bas depuis des décennies, des siècles, cultivent et vivent de ces champs. «Elles sont des victimes d’autant plus que jamais l’Etat du Sénégal, qui parle de zone des terroirs, n’a délimité, dans les différents départements, régions, pour dire c’était quoi la zone des terroirs. Il y a la zone urbaine, la zone pionnière etc», dit-il. A en croire, le leader du mouvement Frapp France Dégage, les populations posent non seulement le problème de la délimitation, mais aussi des conditions d’acquisition du foncier pour des investissements dans leur terroir avec l’accord des autorités. D’après lui, l’Etat peut toujours rectifier le tir en redessinant les zones pour éviter les affrontements déjà sanglants eu égard aux derniers évènements dans les zones de Ndingler, Djilakh…
Emile DASYLVA