Les élections locales, initialement prévues en juin 2019, continuent d’être reportées. Après 2019, 2020 et mars 2021, une nouvelle date a été proposée par la commission politique du dialogue national.
Ce projet de loi autorisant le report desdites élections locales, au plus tard le 31 janvier 2022 a été voté par l’Assemblée nationale, le 02 avril. Ce texte qui a été défendu par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, autorise, par la même occasion, la prorogation du mandat des conseillers départementaux et municipaux. Un report contesté par l’opposition. Proposant, avec des arguments à l’appui, la tenue de ces joutes électorales, au plus tard, en décembre 2020, l’opposition rejette la date retenue d’avance. Réunie au sein du Front de résistance nationale (Frn), l’opposition avait quitté le dialogue national pour protester contre un 3ème report de ces élections. Une situation qui installe, de nouveau, un dialogue de sourds entre les protagonistes. Lequel dialogue, formel ou informel soit-il, risque de se poursuivre dans les salons des chefs religieux. Comme cela a toujours été le cas lors des désaccords entre le pouvoir et l’opposition. Leurs mésententes, profondes,- soient-elles – ont toujours été décantées par les chefs religieux.
La dernière implication des religieux, en effet, dans l’apaisement de la tension sociale remonte au mois de mars, avec l’affaire Adji Sarr et Ousmane Sonko, le leader de Pastef, accusé de «viols répétés et menaces de mort». Les émissaires religieux avaient réussi à mettre fin aux émeutes et à faire revenir le calme. Ils avaient créé une sorte de dialogue politique. Ce nouveau cadre de concertation informel, qui avait débuté le jour du placement sous contrôle judiciaire de Sonko, avait mis en scène, Macky Sall et Ousmane Sonko, représentant «officieux» de l’opposition d’une part et, d’autre part, le Khalife général des mourides, depuis Touba, et les acteurs de la société civile. Un véritable dialogue indirect qui avait la vocation, de façon camouflée, d’examiner les 10 exigences du mouvement de défense de la démocratie (M2d).
L’intervention des émissaires religieux avait été déterminante. Au nom de la stabilité sociale, ces derniers avaient convaincu Sonko et le M2d de sursoir, sur recommandation du Khalife général des mourides, aux manifestations. Ces médiateurs se sont ensuite rendus au palais pour convaincre Macky Sall: «S’ils suspendent les manifestations, je verrai les voies et moyens pour faire libérer les manifestants en détention». Ce dénouement a démontré, à bien des égards, que les hommes religieux peuvent jouer les bons offices.
Salif KA