L’utilisation du vaccin contre le Covid-19 du laboratoire anglo-suédois sera réservée à partir de ce mercredi aux personnes âgées de plus de 60 ans, ont annoncé les ministères de la Santé régionaux et fédéral. Cette décision survient après de rares cas de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées.
Le ministre de la Santé allemand, Jens Spahn, et ses homologues régionaux ont décidé, lors d’une réunion d’urgence mardi 30 mars, de restreindre à partir de mercredi l’usage du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 pour les personnes de moins de 60 ans, après de rares cas de thrombose veineuse cérébrale chez des personnes vaccinées, rapporte la radio Deutsche Welle.
Un revirement, relève l’édition Europe de Politico :
Lorsque le vaccin d’AstraZeneca-Oxford contre le Covid-19 a été approuvé, l’Allemagne voulait l’administrer uniquement aux jeunes. Aujourd’hui, elle va dans la direction opposée.”
Merkel prête à être vaccinée avec l’AstraZeneca
Les personnes de moins de 60 ans pourront toujours recevoir le vaccin, mais uniquement “à la discrétion des médecins, et après une analyse individuelle des risques et des explications approfondies”,selon un document consulté mardi par l’agence de presse allemande DPA.
Les personnes de moins de 60 ans ayant déjà reçu une dose du vaccin pourront soit recevoir une deuxième dose, si elles sont hautement prioritaires, soit attendre le prochain avis que la commission allemande des vaccins (Stiko) devrait publier d’ici fin avril. La Stiko a justifié sa décision par des “données actuellement disponibles montrant l’apparition rare, mais très grave, de thromboses comme effet secondaire”, touchant “essentiellement des personnes de moins de 60 ans entre quatre et seize jours après la vaccination”.
Suivant les conseils de la Stiko, les autorités de Berlin et de Munich avaient déjà temporairement interrompu l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca chez les personnes de moins de 60 ans, retrace la Deutsche Welle.
Lors d’une conférence de presse, la chancelière allemande, Angela Merkel, a justifié les nouvelles restrictions d’âge en estimant qu’elles contribuaient à établir la confiance dans les vaccins contre le Covid-19. “Nous devons pouvoir faire confiance aux vaccins. Et la transparence est le meilleur moyen de traiter ce genre de situation”, a-t-elle déclaré. La dirigeante, âgée de 66 ans, a ajouté être prête à recevoir le vaccin d’AstraZeneca “quand ce sera [son] tour”.
31 cas
L’Institut Paul-Ehrlich, un organisme de réglementation médicale qui conseille le gouvernement en matière de vaccins, avait auparavant indiqué que 31 cas de thrombose veineuse cérébrale étaient soupçonnés d’être survenus après l’administration du vaccin d’AstraZeneca en Allemagne. Neuf personnes sont décédées, a précisé l’institut. Presque tous les décès, sauf deux, sont survenus chez des femmes âgées de 20 à 63 ans.
Les cas de caillot sanguin sont “rares”,souligne la BBC, qui note que quelque 2,7 millions de personnes ont reçu le vaccin contre le Covid-19 du laboratoire anglo-suédois en Allemagne. L’un des journalistes santé de la chaîne britannique, Nick Triggle, insiste :
Si vous administrez un vaccin à des millions de personnes, vous verrez bien sûr certains patients tomber gravement malades ou même mourir peu après. Cela ne signifie pas que le vaccin est à l’origine du problème, qui pourrait être d’origine naturelle. Ce que les autorités doivent déterminer, c’est s’il est en cause ou s’il s’agit d’une coïncidence.”
Merkel, Macron et Poutine échangent sur le vaccin Spoutnik V
Plusieurs pays ont suspendu l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca pour les tranches d’âge inférieures, dont la Suède, la Finlande, l’Islande et la France. Lundi, le Canada l’avait suspendu chez les personnes de moins de 55 ans.
Lors d’une vidéoconférence mardi, Angela Merkel, les présidents français Emmanuel Macron et russe Vladimir Poutine ont discuté d’une éventuelle coopération sur les vaccins, en fonction de l’état d’avancement de l’examen du vaccin russe Spoutnik V par l’Agence européenne des médicaments, a indiqué l’Élysée dans un communiqué.
Courrier International