CONTRIBUTION
Alors que des efforts sont faits par les gouvernements pour soutenir leur tissu industriel, partout dans le monde, la Senelec maintient une politique de tarification qui met à genou des pans entiers de l’économie.
Pendant que le Canada, malgré ses prix bas, met en place des tarifs de relance industriel pour impulser les investissements et freiner les délocalisations, la Senelec continue de surtaxer à 60 % la consommation dite aux heures de pointe (entre 19h et 23h).
Pendant que la Tunisie offre des tarifs deux fois moins chers, la Senelec continue à nous imposer une prime fixe insoutenable dans le contexte actuel. Avec ses tarifs industriels compétitifs, la Tunisie grâce à la valorisation des produits de la mer parvient à générer plus de revenus d’exportation que le Sénégal qui en exporte bien plus en quantité.
Pendant que le Togo a remboursé les avances sur consommation (mars 2020) en guise de soutien aux clients industriels, et dispense ceux qui opèrent depuis plus de deux ans de payer une caution lors des augmentations de puissance souscrites, la Senelec continue encore de nous exiger des avances sur consommation importantes.
Mais alors, pourquoi est-ce que la Senelec maintient ainsi une ligne aussi dure envers les industriels alors qu’elle sait pertinemment qu’ils font face à une baisse drastique de niveau d’activité.
Aujourd’hui, les tarifs de la Senelec ont des effets néfastes sur les entreprises privées et de manière générale sur l’économie du pays. En plus des fermetures effectives d’usines bien visibles partout, de nombreux projets d’investissements industriels sont remis en question ou abandonnés, mettant ainsi en cause la viabilité des capacités de production existantes du pays.
Les explications du président de la Commission de régulation du secteur de l’Electricité dans le journal Le Soleil du 25 janvier 2021, sans montrer une compassion envers les investisseurs privés, montre, à mon avis, que le régulateur est surtout préoccupé par l’équilibre financier de la Senelec.
La récente sortie du ministre de l’Industrie lors de l’élaboration du budget suscite aussi à mon niveau beaucoup d’interrogations sur la volonté politique et la compréhension même des enjeux de l’heure. En effet, comment annoncer une industrialisation du pays en occultant la question primordiale du coût des facteurs de production. Notre industrie, avec les coûts actuels de l’électricité n’est ni compétitive pour faire face à la concurrence, ni suffisamment rentable (à part quelques secteurs) pour susciter des investissements privés conséquents.
Certes, nous saluons les progrès faits dans l’amélioration de la disponibilité mais l’accès à l’énergie est insuffisant à lui seul ; il faut un accès qui soit vecteur de transformation et qui réponde aux besoins des industriels en approvisionnements fiables et abordables.
Les tarifs d’électricité doivent permettre de relever la concurrence internationale. Perdre cette valeur ajoutée en imposant des tarifs insoutenables, comme c’est le fait la Senelec, est contreproductif
Aussi, maintenir la tarification actuelle de la Senelec dénote d’un manque de compréhension des enjeux et de considération vis à vis des consommateurs industriels d’électricité, véritable maillon de la création de richesse mais qui n’est malheureusement pas traité avec tous les égards.
Au Gouvernement qui vient d’annoncer une nouvelle politique d’emploi à l’égard des jeunes mais, nous disons qu’il est illusoire de penser qu’il est possible de réduire le chômage au moment où des secteurs entiers sont en crise à cause d’une politique énergétique désastreuse.
Il urge que des mesures idoines soient prises afin que les coûts actuels de l’électricité soient en phase pour relancer notre industrie.
Bassirou BA
Chef d’entreprise