Le vent d’accalmie qui souffle sur le Sénégal depuis le 8 mars dernier, après la tempête des violentes manifestations qui ont causé la mort d’une dizaine de manifestants et des centaines de blessés semble de plus en plus se dissiper par la tournure que prend la gestion de cette période post-crise.
En effet, les arrestations des personnes ayant été soupçonnées d’avoir pris part à ces dites manifestations et les sorties médiatiques des partisans du régime confortent la thèse du choix de la politique de la carotte et du bâton dans le règlement de cette crise qui a secoué le Sénégal. Alors même que les médiateurs sociaux, toutes obédiences confondues, à l’instar du Khalife général des Mourides s’activent d’arrache-pied à obturer la fissure née de cette crise socio-politique.
Le président Macky Sall aurait-il opté pour la politique de la carotte et du bâton dans le règlement de la crise qui a secoué le Sénégal, suite aux manifestations violentes qui ont suivi l’arrestation puis la garde à vue du député et leader du parti Pastef-Les Patriotes, Ousmane Sonko, alors qu’il se rendait au tribunal pour y répondre à une convocation du juge d’instruction dans le cadre de l’affaire « Sweet beauté ».
En effet, lors de son message à la Nation délivré le lundi 8 mars, quelques heures après la libération du leader de Pastef placé sous contrôle judiciaire, le chef de l’Etat tout en appelant les jeunes au « calme et à la sérénité », a dit reconnaitre que les efforts consentis par son gouvernement pour l’emploi des jeunes «restent encore insuffisants ». Sous ce rapport, il a annoncé un programme d’urgence de 350 milliards dans les 3 ans à venir. Loin de s’en tenir là, le chef de l’Etat, toujours dans le sens de la décrispation du climat tendu qui a fini de gagner tout le pays a également annoncé l’indemnisation de toutes les familles des victimes de ces manifestations, ainsi que l’allégement des heures du couvre-feu sanitaire en vigueur dans les régions de Dakar et Thiès.
Dans la foulée, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue le mercredi 10 mars, soit deux jours après son adresse à la Nation, il a annoncé la fin de l’état d’urgence sanitaire le 19 mars prochain. L’opposition en croisade contre le régime n’a pas tenu à être en reste dans ce sillage de la décrispation socio-politique.
Alors qu’ils avaient fait un appel à la manifestation pacifique pour le samedi 13 mars dernier, au niveau de toutes les régions du pays et dans la diaspora, les responsables du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) ont finalement décidé de surseoir à cette manifestation jusqu’à nouvel ordre. Et cela, après une rencontre avec les émissaires du Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Bassirou Mbacké qui ont joué leur partition pour préserver la paix civile dans ce contexte lourdement chargé. Seulement, parallèlement à ces actions multiformes de décrispation, le gouvernement par l’intermédiaire du procureur de la République déploie un important dispositif visant à mettre la main sur toutes les personnes soupçonnées d’avoir pris part à ces manifestations, conformément à ce qu’avait annoncé le ministre de l’Intérieur, lors de sa sortie du vendredi 5 mars dernier à la Télévision nationale sénégalaise (Rts)/ Le ministre Antoine Félix Diome disait ainsi : « Le gouvernement du Sénégal va mettre tous les moyens nécessaires pour traquer les manifestants qui ont semé le trouble à l’ordre public, qui ont pillé les commerces et blessé des personnes pour les arrêter et les traduire en justice ».
Les manifestants qui étaient arrêtés et placés en garde à vue dans les différents commissariats de Police ou Brigades de Gendarmerie étaient également présentés au Procureur de la République qui les a placés sous mandat de dépôts avant de les envoyer directement en prison notamment à Touba, à Diourbel, à Mbour et Ziguinchor pour ne citer que ces localités. De l’autre, les partisans du régime en place qui avaient disparu des radars multiplient depuis quelques temps les sorties médiatiques musclées parfois tendant à remettre en question le statu quo actuel qui a permis le pays de respirer.
Question à mille balles : Macky Sall ne devrait-il pas presser le frein et contribuer à l’élargissement de tous ces détenus que le M2D, Ousmane Sonko en ténor, qualifie de prisonniers politiques ? En tout cas, ce point fait partie des principales doléances ressassées depuis lors par le camp anti-Macky qui l’a inscrit et inscrites au centre du mémorandum envoyé au Khalife général des Mourides, vendredi dernier. La paix civile vaut bien que la politique du bâton et de la carotte soit réprimée par le chef de l’Etat pour un apaisement général des cœurs, conformément aux vœux exprimés par tous les médiateurs sociaux, les membres de la société civile et des mouvements citoyens, comme par le Sénégalais lambda.
SudQuotidien