Pour la première fois, l’omnipuissant président de la République recule. En effet, c’est la première depuis son accession au pouvoir que Macky Sall fait machine arrière devant le peuple et surtout devant un opposant de surcroît le dernier né des opposants.
En accordant la liberté sous contrôle judiciaire au député Ousmane Sonko, accusé de crimes aussi graves que multiples à savoir: «viols répétitifs, menaces avec arme, appel à l’insurrection», etc, Macky Sall capitule. «En matière criminelle, la liberté provisoire n’a jamais été accordée. Il faut qu’on le sache, le viol est criminalisé», affirme Me Ciré Clédor Ly, avocat de Sonko. Il cède devant le cadet des opposants et surtout devant la détermination des manifestants. Des milliers de manifestants s’étaient massés, hier, matin, devant le tribunal de Dakar pour exiger sa libération.
Certains diront qu’il a fait un demi pas en arrière, puisque il y a toujours l’épée de Damoclès sur la tête du leader de Pastef. En effet, avec cette libération sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko est vu notifié l’interdiction de quitter le territoire national, son passeport a été confisqué, de se prononcer en public sur cette affaire de viol et enfin l’obligation de se présenter tous les quinze jours au tribunal. Soit. Mais le fait est là. Depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall a toujours imposé sa volonté en foulant aux pieds les consensus politiques et parfois les règles démocratiques. Il a imposé le parrainage citoyen contre la volonté de l’opposition. Il organise les élections, selon le timing qui lui convient.
On se souvient qu’à la question de savoir s’il va renoncer au cumul de ses fonctions de chef de l’Etat et de chef de parti comme l’exigeait l’opposition, Macky Sall avait répondu sèchement: Jamais, jamais.
Charles Gaïky DIENE