Déjà, des morts et de nombreux dégâts liés à l’arrestation du leader de Pastef, Ousmane Sonko. Cela arrive à peu près d’une dizaine de mois avant que le Sénégal ne prenne la présidence tournante de l’Union africaine (Ua) en 2022-2023.
Ces manifestations tous azimuts dans plusieurs villes du Sénégal, occasionnant des pillages, une réduction au silence de certains organes de presse et des morts ne seront pas une date des plus glorieuses de l’histoire politique du pays de la «Téranga». En ces temps qui courent, la situation du Sénégal a fini d’inquiéter. D’où l’invite de l’Onu «à la retenue et au calme» de tous les acteurs. Si d’autres organisations, comme Amnesty international, ont dénoncé cette «vague d’arrestations arbitraires d’opposants et d’activistes (qui) porte gravement atteinte aux droits humains», ni la Cedeao ni l’Union africaine n’ont encore réagi à ce qu’il se passe actuellement au Sénégal. Pourtant, il n’y a guère longtemps, tout au début de cette affaire de mœurs suivie de l’arrestation de Ousmane Sonko étant à l’origine des violences, le Président Macky Sall se félicitait du choix du Sénégal pour diriger l’Union africaine pour la période 2022 – 2023.
Conscient et ayant espoir qu’il a une belle carte diplomatique à jouer en Afrique et ailleurs. Si l’Union africaine revendique parmi ses objectifs «une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d’Etat de droit», Macky Sall doit d’abord s’appliquer ces principes avant de prendre la relève de l’actuel président de l’Ua, et non moins président de la République du Congo, Félix Tshisekedi. Avant sa prise de fonction, le Sénégal devrait être irréprochable en matière de respect de bonne gouvernance, de démocratie, et particulièrement du respect des droits de l’homme, de justice et d’Etat de droit. C’est après seulement cela que Macky Sall pourrait se prévaloir auprès de ses homologues d’autres pays pour les appeler à respecter la démocratie et l’Etat de droit en cas de troubles politiques. En tous cas, il ne semble pas être trop tard pour le Sénégal, à environ 10 mois avant de prendre la tête de l’Union africaine, de prouver à la face du monde qu’il reste et demeure ce modèle démocratique longtemps cité en exemple.
Mais, le temps des partis uniques et des mandats sans fin est loin de prendre fin dans bien d’endroits du continent. Nombre d’entre ces fossoyeurs de la démocratie ont toujours une emprise sur l’organisation panafricaine. Comme on le connaît, les dirigeants africains, à quelques exceptions près, sont tous solidaires. Des termes définissent bien cette solidarité indéfectible entre eux: «Le syndicat des chefs d’État». Aucun président africain n’entend, pour le moment, s’immiscer dans ce qui se passe au Sénégal. Il apparaît clairement que savoir respecter son opposition et lui assurer une certaine dignité est donc une façon de se respecter soi-même. C’est seulement après qu’on pourrait sortir dans les rues la tête haute.
Baba MBALLO