Gérard Depardieu, monument du cinéma français de 72 ans, a été mis en examen le 16 décembre dernier pour « viols » et « agressions sexuelles » qu’il aurait commis à l’été 2018 sur une jeune comédienne, ce qu’il conteste depuis le début de l’affaire. Le parquet de Paris avait demandé à un juge d’instruction d’enquêter sur les accusations de viol visant Gérard Depardieu, qui les conteste « absolument », après avoir initialement classé sans suite une première procédure.
L’avocat de l’acteur, Me Hervé Témime a « déploré que cette information soit rendue publique ». Gérard Depardieu, qui a été laissé libre sans contrôle judiciaire, « conteste totalement les faits qui lui sont reprochés », a indiqué son avocat. Contactée, l’avocate de la plaignante, Me Elodie Tuaillon-Hibon, a demandé que « l’intimité et la vie privée de (sa) cliente soient préservées ». Pour relancer les investigations, la plaignante, une comédienne d’une vingtaine d’années, avait déposé une plainte avec constitution de partie civile après le classement sans suite au printemps 2019. Une démarche qui permet quasi automatiquement d’obtenir l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un magistrat instructeur. D’où cette reprise en main de l’enquête par un juge ce mercredi.
Les deux viols et agressions sexuelles se seraient déroulés au domicile parisien de la star
Les faits dénoncés se seraient déroulés au domicile de l’acteur dans le quartier Montparnasse (VIe arrondissement de Paris). La jeune comédienne aurait connu Gérard Depardieu par son père, ami de ce dernier et lui-même évoluant dans le milieu artistique. A l’époque, ils échangeaient régulièrement par SMS au sujet de leur métier, l’acteur prodiguant des conseils à sa jeune consœur sur son jeu. Le 7 août 2018, selon la déposition de la plaignante, elle subit une première agression dans l’hôtel particulier de la star. Celle-ci se serait déroulée en deux temps : dans le salon de l’acteur puis dans une chambre à l’étage. Le 13 août, la jeune comédienne, prise selon elle dans un mécanisme de sidération et de déni, retourne au domicile de l’acteur. Elle affirme alors avoir subi un second viol.
Quatorze jours plus tard, après s’être confiée à ses proches sur ces agressions présumées, elle se rend à la brigade de gendarmerie de Lambesc (Bouches-du-Rhône) et dépose plainte contre Gérard Depardieu. L’enquête est finalement ouverte à Paris et confiée aux policiers du 3e district de la PJ parisienne. Les enquêteurs auditionnent la victime présumée puis le célèbre acteur en audition libre mais se heurtent à deux versions divergentes : la jeune femme dénonce des viols, l’acteur plaide des relations consenties. L’analyse des nombreuses caméras de surveillance du domicile de Gérard Depardieu ont permis de capter les scènes dans le salon de l’acteur mais pas dans la chambre à coucher. On y voit, lors de la première rencontre, les deux comédiens discuter, puis le célèbre acteur pratiquer une pénétration digitale à la jeune actrice, avant qu’ils ne montent à l’étage l’un après l’autre, où aucune caméra n’est installée. La plaignante affirme avoir suivi l’acteur sous l’effet de la tétanie. L’exploitation des téléphones des deux comédiens révèlent de nombreux échanges troublants, dont un dans lequel Gérard Depardieu compare sa jeune consœur à la chanteuse « Barbara ».
« Mon client conteste sa mise en examen»
Après analyse des investigations, le parquet de Paris décide le 4 juin 2019 de classer l’enquête sans suite, estimant que les viols ne sont pas caractérisés. Mais la plaignante dépose une seconde plainte avec constitution partie civile en août 2020. Un juge d’instruction est alors désigné pour enquêter. Le magistrat estime, à l’inverse du parquet, qu’il existe des indices graves et concordants justifiant la mise en examen de Gérard Depardieu. « Mon client conteste sa mise en examen, insiste son avocat, Me Hervé Temime. Je déplore qu’elle soit rendue publique, la présomption d’innocence étant une nouvelle fois bafouée ». Contactée, l’avocate de la jeune actrice, Me Elodie Tuaillon-Hibon, n’a quant à elle pas donné suite. Gérard Depardieu n’est pas la seule personnalité du cinéma français pris dans la déferlante #MeToo, lancée à l’automne 2017 avec la révélation des nombreux viols et agressions sexuelles commis sur des actrices par le producteur américain Harvey Weinstein. Les réalisateurs Christophe Ruggia et Luc Besson, récemment placé sous le statut de témoin assisté, ou le président du Centre national du cinéma, Dominique Boutonnat, ont été accusés d’agressions sexuelles ou de viols.
Les milieux de la politique, des médias et du sport ont aussi été touchés. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, l’islamologue suisse Tariq Ramadan, l’ex-présentateur phare du JT de TF1 Patrick Poivre d’Arvor, l’agent de mannequins Jean-Luc Brunel ou encore l’entraîneur de patinage Gilles Beyer sont ainsi visés par des accusations comparables.
Le Parisien