Interrogée sur les faits, l’ancienne ministre Aminata Lô Dieng a partiellement nié les faits qui lui sont reprochés. N’empêche, elle a été condamnée à 2 mois avec sursis, notamment pour les délits de «violation du couvre-feu», «outrage à agent» ou encore «usurpation de titre».
«Violation de la loi relative au couvre-feu», «Outrage à agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions». «Usurpation de titre». Aminata Lô Dieng répondait de ces trois délits hier devant le juge, au tribunal de Dakar. Interrogée sur les faits, l’ancienne ministre sous le régime libéral d’Abdoulaye Wade a partiellement nié les faits. «Je reconnais qu’on m’a interpellé à 21h 15 devant la gendarmerie, mais je n’avais pas l’intention de violer le couvre-feu. Je suis sortie de chez mois avant 21heures et je faisais le tour à la recherche d’un restaurant ouvert. J’ai dû perdre du temps et c’est ainsi que je me suis retrouvée devant les gendarmes», a-t-elle laissé entendre dans un ton empreint de regrets qu’elle cache si mal.
Aminata Lô Dieng n’a pas non plus reconnu avoir outragé les hommes en uniforme, comme cela est consigné dans le procès-verbal d’enquête préliminaire. Elle dit, tout de même, regretter les échanges houleux qu’elle a eus avec les gendarmes qui ont procédé à son arrestation. «J’ai été victime de violences verbales et physiques. J’ai présenté mes excuses, ils m’ont dit qu’ils n’ont rien à faire d’un ancien ministre alors je suis humain, je me suis énervée. C’était le cœur d’une maman brisée, mais je n’ai pas agressé de gendarme, je n’ai pas été virulente», a confié au juge l’ex-membre du gouvernement très surprise par cette tournure des évènements.
«J’ai eu à occuper de hautes fonctions. Je ne peux pas occuper le poste de ministre chargé des Institutions et bafouer celles-ci. Je n’étais même pas au courant qu’il y avait un laissez-passer dans le véhicule. A chaque fois que je décline mon identité d’ancienne ministre, on me laisse passer gentiment», ajoute-t-elle.
Le procureur qui n’a pas requis une peine d’emprisonnement a sollicité l’application de la loi. Le maître des poursuites qui a béni l’arrestation de la dame qu’elle a placée sous mandat de dépôt s’en est lavé les mains au procès. Quant aux avocats de la défense, ils ont plaidé la relaxe de leur cliente, estimant qu’aucun des délits mentionnés dans le Pv n’est établi. «Si tant est qu’elle ait violé le couvre-feu, cela ne constitue pas un délit d’autant qu’elle est sortie par nécessité», a déclaré l’un d’eux dans sa plaidoirie. L’annonce du verdict a sonné comme un ouf de soulagement pour l’ancienne ministre qui s’est retrouvée derrière les barreaux de manière inattendue. Elle sera condamnée à 2 mois avec sursis. Une peine qui lui permet de recouvrer la liberté après quelques jours de détention, à la Maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6.
Tout est parti d’un enregistrement audio qui circule en boucle sur les réseaux sociaux où on proférait des insanités envers le président de la République, Macky Sall. Sa colère a été provoquée par l’immobilisation de son véhicule malgré le laissez-passer de ministre collé sur sa voiture. Mal lui en a pris puisqu’elle n’est plus membre du gouvernement.
Salif KA