CONTRIBUTION
«A Dieu nous venons, à Dieu nous retournerons». Nous autres mortels, nous avons aussi comme lourd fardeau de nous incliner devant les Arrêts immuables du Créateur. Louange à Lui qui sait nous inculquer la douleur profonde et attendre de nous l’absolue soumission. Mais comment ne pas pleurer la disparition d’un homme tout de bienfaits pétris envers sa communauté, qui a servi sa société dans l’abnégation, l’humilité et l’effacement total. Jean Meïssa Diop, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fut de ces citoyens sachant apporter à leur nation leur plus-value sans rien demander en contrepartie. Dans l’ombre, il a œuvré à l’émergence d’une conscience populaire, et il a travaillé d’arrache-pied pour que, celui-là qui avait choisi comme métier d’épanouissement le journalisme, soit pénétré de la véritable noblesse de l’homme des médias. Jean Meïssa n’était que sourire pour son interlocuteur et, n’avait qu’une chose à lui offrir, une valeur tirée du plus profond de lui-même, sa générosité. Du reste, il ne savait que cela «être gentil» avec tout le monde. Mais ce n’est pas seulement le monde du journalisme qui perd Jean Meïssa, aujourd’hui, la littérature aussi est en deuil, parce que Jean Meïssa fut aussi un grand critique littéraire. Il a accompagné de sa plume avertie bon nombre de livres, toujours dans la dynamique de participer à la promotion de la littérature sénégalaise. Déjà, il avait conscience que l’épopée des Senghor, Birago Diop David Diop, Cheikh Hamidou Kane, Sembène Ousmane et j’en passe, fut grandiose pour le rayonnement de la culture du Sénégal, cependant, il fallait à présent ouvrir la voie à une autre génération d’écrivains. Il fut le premier à jeter un regard indulgent sur mon premier roman «Misères d’une boniche» dès sa parution aux éditions Harmattan. J’étais bouleversé de reconnaissance que je n’ai pas hésité à aller le rencontrer à Walf où il travaillait alors. Et il me reçut comme un grand écrivain, malgré la jeunesse et l’inexpérience de ma plume. Il fut le premier à me pousser à croire en moi. En guise de viatiques, il me dit ces mots, gardés en trésor au fond de ma conscience : «Raffermis ta plume et gagne le plaisir de tes lecteurs. Souviens-toi qu’un livre se savoure d’abord, et cela passe par le style, c’est-à-dire la clarté de ton dire, et la musicalité de ta phrase». Aujourd’hui encore, ces mots résonnent dans ma tête chaque fois que j’entreprends un texte, et là devant mon ordinateur où je tape cet hommage à l’honneur de Jean Meïssa Diop, je ne puis empêcher mes larmes de me voiler mon texte, car je sais que moi aussi j’ai perdu un grand lecteur qui, dans l’ombre, m’accompagnait de ses encouragements silencieux.
Repose en paix Jean Meïssa Diop et que Dieu dans sa miséricorde t’ouvre toutes grandes les portes de son Paradis. Amen. Je présente mes condoléances aux journalistes de mon pays et à sa famille éplorée. Adieu Jean Meïssa Diop.
Seydi SOW,
Ecrivain
Grand Prix du chef de l’Etat pour les Lettres