La nouvelle est tombée hier, en milieu de journée, dure tel un couperet : Jean Meissa Diop s’en es tallé pour l’au-delà.Une triste nouvelle pour la presse sénégalaise à laquelle il a consacré sa santé et son énergie, sa jeunesse et son savoir ;sa vie pour faire court.
Ce ne sont pas que des propos de circonstances. Jean, comme on l’appelait simplement, était journaliste dans l’âme. Il en était la vigie, la sentinelle. Ses transgresseurs pouvaient être sûrs de le trouver sur leur chemin. Et ce n’est pas pour rien que, à sa nomination comme Président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), feu Babacar Touré a fait appel à lui pour l’épauler dans ce travail oh combien titanesque dans un contexte marqué par la création tout azimut de titres. Jean avait l’éthique et la déontologie chevillées au corps. Au point que tous les «papiers» sur les médias avaient besoin de son «avis d’expert» -lui dirait «avis d’inexpert»- pour être complets. Des chroniques médias, il en a animées à foison. On se souvient de son «Post-écoute» qu’étudiants, nous buvions goulûment. C’était un rendez-vous hebdomadaire redouté des professionnels des médias. On se souviendra tout autant de «Mezza Voce» qui était du même jus. Tout comme, au moment de faire son oraison funèbre, l’on se rappellera de son «Avis d’inexpert» qui a fait les beaux jours du journal Enquête avant d’atterrir à Walf.
Jean avait Walf dans les veines. Ce n’est pas hasard que c’est en pleine collaboration avec ce journal où il a fait ses classes qu’il rendra son dernier souffle. Il aimait Wal Fadjri. Il en avait une prononciation toute suave, marque de l’estime qu’il en avait. Au moment où il y débarquait dans le groupe de Sacré-Cœur, votre serviteur l’a eu comme porte d’entrée. Oui, c’est Jean Meissa Diop qui proposa mes services à Abdourahmane Camara qui, en tant que Dirpub de l’époque, donna son ultime onction. Nous avons cheminé ensemble jusqu’à la création de Walf Grand’Place dont il deviendra le directeur de publication. Et c’est lui qui m’affubla du sobriquet de Thierno qui continue de me coller à la peau sur toutes les plateformes de discussion comme Facebook où nous aimions refaire le monde en after work. L’expérience de Walf Grand’Place ayant tourné cour, le cordon ombilical n’en sera pas pour autant coupé avec Walf. Toutes les anecdotes qu’il raconte, Jean les lie à Wal Fadjri. Comme l’eau finit toujours par retourner à la source, avec Tidiane Kassé, ils revinrent à Walf donner «un coup de main» à la jeune rédaction qui avait la lourde tâche de porter le flambeau, après la double disparition de Sidy Lamine (le mollah, comme il l’appelait) et Abdourahmane Camara. Outre ses chroniques hebdomadaires, il donnait ce «coup de main» utile pour le rewriting de certains textes, en Culture notamment. On a tendance à oublier que Jean est un journaliste culturel dans l’âme. C’est lui qui a mis le pied à l’étrier à Mbagnick Ngom, pour ne citer que lui.
Jean, c’était aussi un attachement indéfectible au terroir. Tous ceux qui suivent sa page facebook se sont familiarisés avec son village Ndiaganiao sans y avoir posé le plus petit orteil. Signe de cet attachement, le conflit foncier de Ndingler, il en avait fait une affaire personnelle. C’était cela, Jean Meissa Diop : journaliste, régulateur, paysan, écrivain -son livre, Le cybersalon des épouses qui ont mal au lit, avait fait carton-, homme du terroir.
A son épouse Diariatou, à son frère Georges Nesta, à sa famille, biologique comme professionnelle, le Groupe Walf présente ses condoléances émues.
Ibrahima ANNE