Comme beaucoup de métiers, les tailleurs et les merceries subissent de plein fouet les effets de la seconde vague de la Covid-19. Avec l’interdiction à nouveau des manifestations publiques comme les mariages, baptêmes et évènements religieux, les populations se rendent de moins en moins chez le tailleur pour se faire confectionner de nouvelles tenues. Une situation qui n’est pas sans conséquences sur leur activité.
Au marché des Hlm sous un immeuble R+3 qui fait face à la voie qui mène vers Colobane, Dame Diop tient son atelier de couture. Dans sa cantine de quelques mètres carrés, trois machines à coudre sont alignées en direction de la porte principale de sa place. De petits morceaux de tissus et de fil à coudre sont éparpillés un peu partout dans la pièce. Des pilotes de fil à coudre de toutes les couleurs sont suspendus sur des pointes fixées au mur. Assis sur un tabouret en bois, le maître-tailleur dit avoir constaté que, depuis l’interdiction des manifestations publiques comme les mariages, les baptêmes, les rassemblements religieux entre autres, les clients se font de plus en rares. «On a senti une baisse drastique des clients. Les femmes venaient presque chaque semaine commander de nouvelles tenues. Là, nous ne voyons presque plus personne», confie Dame Diop.
Autre atelier de couture, même galère. Chez ce passionné de haute couture qui s’active dans ce métier depuis plus d’une trentaine d’années du nom de Mame Mor Ndiaye, c’est la période des vaches maigres. En effet, les affaires ne marchent plus comme avant. Sur les étagères fixées sur le mur de sa cantine, plusieurs habits pour la plupart des tissus Wax cousus, sont bien rangés, attendant désespérément leurs propriétaires. Sur une longue table en bois, un centimètre enrôlé autour du cou, un ciseau à la main droite, Mame Mor Ndiaye et son apprenti apportent les dernières retouches sur un grand boubou bien étalé sur la table à repasser. «Les clients se font rares. J’ai beaucoup de commandes de fidèles clients qui sont déjà prêtes et qui trainent, ici, dans l’atelier. Les propriétaires tardent à venir les récupérer. D’habitude, ce sont eux qui me mettaient la pression pour confectionner plus vite leurs tissus. Maintenant, c’est moi qui leur mets la pression pour qu’ils viennent récupérer leurs commandes. Certainement, beaucoup d’entre eux se sont découragés à cause de l’interdiction des mobilisations pour les mariages et les baptêmes», renseigne Mame Mor Ndiaye.
Très sollicitées par les tailleurs, les merceries ressentent également les effets de la Covid-19. En effet, le ralentissement du travail des tailleurs impacte ces commerçants de pilotes, de fil à coudre, aiguille, boutons, fermetures etc. «Les tailleurs ne viennent presque plus. On reste toute la journée à se tourner les pouces. Ils disent que, de leur côté, les choses ne marchent pas. Et vous savez que c’est une chaîne : si les tailleurs n’ont pas de commandes de tenues, ils ne peuvent pas venir acheter nos marchandises. Notre chiffre d’affaires dépend de leurs commandes. C’est une situation difficile que nous vivons tous. Nous prions que ce virus quitte le pays pour que les activités reprennent leur cours normal. Sinon, on risque tous de fermer boutique», se désole ce vendeur de mercerie du nom de Abdou Bèye, établi au marché de Grand-Yoff. Ce dernier révèle que, auparavant, il faisait une recette de 20 mille F Cfa voire 25 mille F Cfa par jour. Avec la baisse des ventes liée à la Covid, il peine à empocher 10 mille F Cfa par jour.
Samba BARRY