Alors qu’il est cité en champion dans le vaccin concernant le Programme élargi de vaccination (Pev), le Sénégal risque de ne pas faire chou gras concernant la vaccination contre la pandémie à coronavirus. Ce, à cause des fortes réticences de la population.
Alors que, officiellement, la campagne de vaccination sur la Covid-19 n’est pas encore lancée au Sénégal, des grincements de dents se font déjà sentir. Sur les réseaux sociaux, la dose est au maximum. «Moi, je me pose juste ces questions. Pourquoi un vaccin dont les risques encourus sont pris en charge par l’Etat qui l’achète pour la population et non par le fabricant ? Un vaccin en un temps si court ? Pourquoi par exemple, il n’y a pas encore de vaccin contre le paludisme qui fait des ravages en Afrique ? Pourquoi le test est-il payant et le vaccin gratuit ? Pourquoi quand il s’agit de cartes d’identité biométriques ou passeports numérisés et autres, le Président est-il le premier à en bénéficier et non dans ce cas», s’interroge un internaute. Des craintes partagées par d’autres citoyens qui s’époumonent sur le sujet parfois même avec la conviction d’un personnel soignant. «Les crimes de masse ont toujours eu des complices», estime un autre internaute.
En écho, un autre intervenant fait même dans la prévention : «Attention ! Attention ! Attention au génocide mondial mes frères africains !!!» Des suspicions qui sont montés d’un cran surtout à la suite de la publication d’un article sur Gisèle Lévesque, la Canadienne qui a contracté le virus, deux semaines après avoir reçu sa dose du vaccin Pfizer-Biontech. Et le débat vole très bas. «Une vraie blague, il y a eu combien de morts déjà», s’interroge un internaute avec son post corrosif. Tandis qu’un autre renchérit : «On aura tout vu avec ces vaccins.»
Dans la page «Femmes Médecins du Sénégal : Pro chic et fun», même le personnel soignant y va avec le même mordant capable de décourager plus d’un. «Que personne ne me vaccine à moins que l’on m’endorme», commente une infirmière. «(…) Je n’ai aucunement confiance pour le moment aux vaccins anti-Covid car il y a des enjeux économiques et géopolitiques énormissimes (sic). Toutes les puissances ont fabriqué chacune leurs vaccins et en font un outil géostratégique mondial», soutient un autre intervenant dans cette page dédiée aux professionnels de la santé sur Facebook. Des craintes toutes légitimes pour la directrice de la Santé, Dr Marie Khémesse Ndiaye. «On ne blâme pas les populations qui n’ont pas compris. Mais, c’est notre rôle avec les leaders d’opinion, les leaders religieux, de persuader les sceptiques d’aller vers la vaccination», a invité Dr Marie Khémesse Ndiaye, dans un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise (Aps).
C’est peut-être ce qui a motivé le revirement du ministère de la Santé qui a annoncé en début de semaine la disponibilité «d’une dose de 200 mille vaccins offert par la Chine» avant de supprimer le tweet quelques heures plus tard. Pour mieux préparer en douce la population ? Le don a-t-il été annulé ? Des questions qui, pour l’heure, n’ont pas encore trouvé réponse. Même si un début est avancé par la directrice de la Santé. «Que ce soit dans le long ou le court terme, en termes de recherche, c’est qu’on a rempli tous les critères pour avoir un bon vaccin. Nous sommes en train de voir sous quelle forme le vaccin sera disponible, à quelle température les vaccins seront conservés, et c’est tout cela qui va déterminer le choix du vaccin», a encore avancé Dr Marie Khémesse Ndiaye soulignant que le Sénégal fait partie de l’initiative Covax, un dispositif international mis en place pour la mise au point d’un vaccin contre la Covid-19 dirigé par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et l’alliance Gavi, de concert avec l’Unicef et l’Usaid.
Ndèye Maguette SEYE