Le représentant spécial de l’Onu en Centrafrique, le Sénégalais Mankeur Ndiaye, demeure la cible de l’opposition centrafricaine, qui a adressé, dimanche, un courrier au secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres pour lui fait part de sa colère liée aux conditions de la tenue de l’élection présidentielle. Lundi, la Cour constitutionnelle de Centrafrique validait la victoire du président Faustin Archange Touadéra.
Mankeur Ndiaye n’a pas bonne presse chez les opposants centrafricains. Dans une correspondance adressée dimanche au secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, la coalition d’opposition COD-2020 a appelé à l’ouverture d’une enquête pour déterminer l’ampleur de son intervention et ses effets sur la tenue et l’issue du scrutin présidentiel en Centrafrique. Des dirigeants de l’opposition centrafricaine accusent Mankeur Ndiaye, d’avoir interféré dans les élections du 27 décembre et, partant, d’assumer une responsabilité dans l’escalade de la violence qui a éclaté peu avant ces élections. Selon les membres de la coalition de l’opposition, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Rca, Mankeur Ndiaye, a joué «un rôle néfaste» en Centrafrique «tout au long du processus électoral» qui a pour conséquence «la violence armée» qui sévit actuellement en Centrafrique.
Ils ajoutent qu’au regard des dysfonctionnements ayant entaché le déroulement du processus électoral en Centrafrique, il était réfléchi d’envisager un report technique afin de faciliter un processus paisible et moins contesté. Malgré tout, Mankeur Ndiaye à travers son Plan intégré de sécurisation a fait comprendre à la Communauté internationale ainsi qu’aux juges constitutionnels que l’élection présidentielle pouvait bel et bien se tenir le 27 décembre. L’opposition centrafricaine a relevé que dès le début du processus électoral, elle avait émis plusieurs avertissements tant au gouvernement centrafricain qu’à l’Onu sur «des violations systématiques» du code électoral.
Mankeur est accusé même d’avoir téléphoné à des opposants pour les presser d’accepter le verdict qui sortirait des urnes. Et lundi, la Cour constitutionnelle a validé la réélection au premier tour du président centrafricain Faustin Archange Touadéra avec 53,16 % des suffrages, en rejetant les recours de ses rivaux qui arguaient notamment de «fraudes massives» et de l’impossibilité pour deux électeurs sur trois de voter. La juridiction a aussi abaissé le taux de participation à 35,25 %, loin des 76,31 % des inscrits annoncés provisoirement le 4 janvier par la Commission électorale. L’opposition a souligné que le représentant spécial de l’Onu en République de Centrafrique a choisi de soutenir «obstinément» la candidature de Touadéra jusqu’au point de lui promettre «de tout faire pour lui assurer la victoire au premier tour du scrutin du 27 décembre 2020».
Les opposants centrafricains tiennent pour «responsable» Mankeur Ndiaye de la crise actuelle en Rca et qui a, par la suite, créé «un sentiment de rejet de la présence onusienne en Centrafrique». Les dirigeants de l’opposition ont tenu Ndiaye et Touadera pour «coresponsables du mécontentement des groupes armés» qui ont pris les armes le 19 décembre pour perturber le processus électoral. Dans un tweet dimanche, le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, a souligné que «le représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu en Rca reste concentré sur sa mission, celle d’exécuter le mandat de la Minusca en appui aux efforts des autorités nationales et avec le soutien total et sans réserve aucune de la communauté internationale». Mankeur Ndiaye s’est dit «fier», dans un twett, «du travail de la Minusca». Le Cod-2020, créé en février 2020, regroupe les principaux partis de l’opposition centrafricaine au nombre de 16.
Baba MBALLO