Le décret du ministre de l’Intérieur interdisant la tenue des marchés hebdomadaires à Dakar a mis les commerçants itinérants et autres ambulants dans tous leurs états. Lesquels ont tenu, ce week-end dernier, un grand rassemblement devant les locaux du groupe Walfadjri pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une injustice à leur égard.
Le samedi dernier le rond-point Liberté 6 a offert un décor inhabituel. En effet, à la place des tentes érigées à perte de vue, ce sont des ballots de friperie qui trainent par terre. Les vendeurs qui avaient l’habitude d’y venir écouler les habits de seconde main se sont vu interdits les lieux par les forces de l’ordre qui ont brandi un arrêté du ministre de l’Intérieur. Une décision qui a mis dans tous leurs états les marchands qui se sont amassé à la devanture des locaux du groupe Walfadjri pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une injustice. Au moment où martèlent-ils, ceux qui sont dans les marchés de Colobane, Sandaga et Petersen continuent de vendre sans être inquiétés. «Nous sommes plus de 400 personnes à travailler dans les marchés hebdomadaires. Il faut que l’Etat sache que nous sommes des pères et mères de famille qui ont des enfants à nourrir. Nous ne mendions pas. On ne compte que sur cette activité pour faire vivre nos familles. Bien vrai que la nouvelle vague de coronavirus est là, mais il faut qu’on travaille aussi comme tous les autres», martèle Moussa Ndao, membre de l’association des marchands hebdomadaires du Sénégal. Ce dernier rappelle aux autorités qu’il y a des milliers de jeunes qui travaillent chaque samedi dans ce marché. On y trouve des vendeurs d’habits, de sachets, des restaurateurs, etc.
Pour lui, vivre avec le virus, c’est continuer à exercer son activité tout en portant correctement son masque. A son avis, si les jeunes se débrouillent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, c’est parce qu’ils croient qu’ils peuvent rester au Sénégal et réussir. «Pourtant, nous pouvions faire comme les jeunes qui empruntent les pirogues pour aller mourir dans l’océan. Mais on s’est dit qu’on peut réussir ici sans risquer nos vies en mer», lance Moussa Ndao.
Présidente des femmes commerçantes des marchés hebdomadaires, Fatou Mbow considère que cette mesure ressemble à du deux poids deux mesures. «On nous dit que le virus circule partout à Dakar, on nous interdit d’exercer nos activités et on laisse les autres lieux de commerce fonctionner. Nous rappelons que lors de la première vague, nous étions les seuls à être interdits de vendre. Nous sommes restés trois mois au chômage alors que nous avons des factures d’électricité, d’eau, la dépense quotidienne et les frais de scolarité de nos enfants qui nous attendaient à la maison», rouspète-t-elle. Un commerçant du nom d’Aliou Sakho aurait été arrêté par la police. On lui reprocherait d’avoir incité les marchands à venir se mobiliser devant les locaux du groupe Walfadjri pour exprimer leur mécontentement.
Samba BARRY