Les nouvelles mesures prises, avant-hier, par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement concernant, notamment, la limitation du nombre de passagers dans les transports pour circonscrire le virus, ne sont pas suivies par certains transporteurs. Dans les bus de transports publics, privés, «Ndiaga Ndiaye» et autres «cars rapides», les chauffeurs ont fait le plein.
Dans les régions de Dakar et de Thiès, localités qui enregistrent le plus grand nombre de nouvelles contaminations notamment 90 % des nouveaux cas, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Mansour Faye a sorti avant-hier, un arrêté pour fixer les nouvelles restrictions à savoir la limitation des passagers, afin d’interrompre la chaîne de contamination du virus dans le pays. Mais, cette décision du chef du département du transport n’est pas bien accueillie par les acteurs du secteur. Beaucoup d’ailleurs n’ont pas respecté ces nouvelles mesures arguant la cherté du prix du carburant à la pompe. «Le carburant est cher. Si nous diminuons le nombre de passagers, comment allons-nous vivre ? Si le prix du carburant n’est pas réduit, nous ne pourrons pas gagner quelque chose. La dernière fois, le gouvernement avait pris les mêmes mesures et cela avait mis tout le secteur du transport à genou. Et on n’a même pas commencé à sortir la tête de l’eau, aujourd’hui, qu’on nous impose encore une nouvelle limitation des passagers. Je pense que les autorités veulent nous faire disparaitre», martèle Abdoulaye Sène derrière le volant de son «car rapide» qui affiche plein sur l’avenue Cheikh Anta Diop de Dakar.
Pour lui, limiter le nombre de passagers équivaut à rouler à perte. Et selon lui, aucun transporteur ne l’accepterait. Car, ils tirent leurs revenus de cette activité. Donc imposer, d’après lui, de telles mesures sans aucun accompagnement avec tous les frais qu’ils supportent et les tracasseries qu’ils subissent des forces de sécurité et de défense, c’est envoyer tous les chauffeurs au chômage. «Pour le moment je n’ai pas vu un chauffeur qu’on a verbalisé parce qu’il a pris beaucoup de clients. Je travaille comme avant, je prends le maximum de clients», sert-il.
De son côté, M. Sarr, chauffeur de bus de transport public indique qu’il est au courant de la décision du ministre des Transports. Mais, selon lui, le gouvernement devrait d’abord aider la population en diminuant le prix du carburant, de l’eau et de l’électricité avant de prendre cette mesure. Parce que, argumente-t-il, ce sont des pères de familles qui ont d’autres dépenses à supporter. «Nous avons vu dans les autres pays ce que les gouvernements ont fait pour aider les chauffeurs. Pourquoi pas faire la même chose chez nous aussi !» fulmine-t-il.
«Cette mesure est appliquée par une partie des transporteurs. Ce car ne prend que 14 personnes. Les recettes que nous encaissons avec ces clients ne couvrent même pas le carburant. Donc seules les places debout nous permettent de gagner quelque chose. Et si on nous prive de ça aussi, ce sera une perte colossale pour nous, car, le gasoil est cher», se désole Mamadou Guèye chauffeur, trouvé à la gare de Lat-Dior, au centre-ville de Dakar.
Un avis partagé par son collègue Ibra Ndoye qui soutient que les pertes cumulées, depuis l’apparition de cette maladie au Sénégal avec les premières restrictions, sont énormes.
A la gare de Petersen comme à Colobane, même constat. Beaucoup de bus font le plein avant d’emprunter les rues de la capitale. En effet, faute de place pour même se tenir debout à l’intérieur, certains passagers disputent les marches pieds des cars aux apprentis. Et les personnes qui tentent de rappeler les nouvelles restrictions se voient vite recadrer par l’apprenti. «Ce n’est pas le gouvernement qui paie mon carburant. Je prends le nombre de passagers que je veux. +Père+, si vous ne voulez pas vous asseoir à côté des gens, descendez», lance un jeune apprenti à un vieux qui a eu l’outrecuidance de lui rappeler les nouvelles mesures.
Samba BARRY