Les étudiants risquent de démarrer l’année sur fond de perturbations. Leurs enseignants, par la voix du Saes, font planer des nuages de «graves perturbations». Ils ont tiré la sonnette d’alarme, hier.
L’université est partie pour être perturbée en 2021. «On s’est décarcassé pour sauver l’année académique. Le démarrage de l’année 2021 va être conditionné par le règlement des questions soulevées par les enseignants. On va vers de graves perturbations si un certain nombre de problèmes ne sont pas réglés», a prévenu Malick Fall, secrétaire général national du Saes, hier, à l’Ucad. Lui et ses collègues disent aller en mouvement d’humeur parce qu’ils ont donné un délai aux autorités pour régler leurs problèmes. Le mois de décembre qui tire à sa fin était la limite pour faire respecter les textes.
Les «profs» revendiquent quatre points qui tournent autour de la loi qui régit l’université. Cela concerne le mode de sélection du recteur. Voilà «deux ans» que cela n’est pas appliqué, selon M. Fall. Il était aussi question d’auditer le système d’orientation des bacheliers, surtout Campusen. Mais, «rien n’a été fait».
L’autre attente concerne les infrastructures universitaires. De l’avis de M. Fall, celles-là trainent depuis cinq ans à l’exception de l’université de Ziguinchor et des amphis de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Ces bâtisses sont des préalables pour permettre aux universités de jouer leurs rôles, ce d’autant que la croissance du nombre de bacheliers est exponentielle, estime Malick Fall qui prévient : «On ne peut pas continuer à attendre.»
Souveraineté des chercheurs africains, salaires…
M. Fall touche de même la question du financement de la recherche. C’est une question de souveraineté, à son avis. «La Covid nous a montré qu’il faut compter sur soi», déduit Malick Fall qui va plus loin en explicitant les enjeux de la recherche dans les universités africaines qui subissent les indicateurs importés. «On revient vers les normes, on va mettre à terre l’enseignement supérieur. Il faudra encore du temps pour le remettre sur les rails. D’où l’intérêt de la recherche», établit-il. Non sans manquer de réitérer : «La recherche est le parent pauvre. On veut une véritable politique de recherche. Il faut un texte qui organise la recherche, des textes de gouvernance de la recherche.»
Mais le véritable point de blocage entre les enseignants et l’Etat concerne la non disponibilité des fonds qui doivent accompagner le recrutement des enseignants dans le supérieur. «Il n’y a aucune prise en charge de ces postes. Ce qui va impacter l’enseignement», avertit M. Fall qui rappelle que le ministre de tutelle avait, en son temps, fait savoir aux recteurs qu’il ne remettrait pas le budget tant que les temples du savoir n’auraient pas procédé aux recrutements. Chose faite : les recteurs tardent à voir les salaires qui doivent être payés aux formateurs recrutés. De l’avis de Malick Fall, «des recteurs ont même refusé de signer le certificat de service», parce que le ministre tarde à réagir. Une crise qui risque de se prolonger et de perturber la rentrée.
Emile DASYLVA