Soixante ans après son indépendance, le Sénégal continue de dépendre de la France, pour faire face aux catastrophes naturelles ou industrielles. Dépourvus de moyens, les sapeurs-pompiers et la Protection civile sont toujours impuissants face aux sinistres.
C’était la débandade, le sauve qui peut, samedi dernier, après l’explosion d’un puits de gaz naturel, à Ngadiaga, dans la commune de Notto Gouye Diama, dans le département de Tivaouane. «Les populations ont quitté le village pour aller se réfugier ailleurs», affirmait le maire de la commune, Magueye Ndiaye. «Nous sommes exposés au danger et nous ne disposons d’aucun dispositif de prévention et de protection en cas de catastrophe. Le puits a pris feu depuis 9 heures et personne n’arrive jusqu’à présent à maîtriser les flammes», avait ajouté Gora Lô, habitant Ngadiaga.
En visite sur les lieux de la catastrophe, le ministre du Pétrole et des Energies, avait avoué l’incapacité de l’Etat à maitriser le feu. «Nous sommes en train de voir comment localiser la fuite de gaz et essayer de boucher le trou», avait déclaré Aïssatou Sophie Gladima. Ainsi, quatre jours après l’explosion, les pompiers, même appuyés par des experts d’Haliburton, une compagnie pétrolière américaine, n’arrivent toujours pas à éteindre l’incendie.
Soixante ans après son indépendance, le Sénégal continue de dépendre de l’extérieur, de la France, pour faire face aux catastrophes naturelles ou industrielles. Les sapeurs pompiers et la Protection civile qui sont chargés d’assurer, en temps de paix comme en temps de guerre, la protection des personnes, ainsi que la conservation des installations, des ressources et des biens publics, sont bien impuissants face à ce puits en flammes.
Le pays ne dispose pas ou dispose de peu de moyens pour faire face à des catastrophes industrielles ou naturelles. Le 24 mars 1992, il aura fallu l’intervention de l’armée française, basée à Dakar, pour maitriser la terrible explosion qui avait dévasté l’usine de la Sonacos, et avait fait des dizaines de morts. En effet, dépourvus de masques et de combinaisons face à l’ammoniac, les sauveteurs sénégalais ne pouvaient pas accéder à la zone de l’accident. Ainsi, plus d’une heure après l’explosion, des cadavres et des blessés gisaient encore sur le sol, jusqu’à l’intervention des militaires français venus avec leurs matériels de protection. En 2009, ces mêmes militaires sont également intervenus à stopper un début d’incendie qui s’était déclaré à l’immeuble Tamaro, au centre-ville, occupé à l’époque par le tout puissant ministre Karim Wade.
Les incendies des marchés sont presque quotidiens et là aussi, l’Etat fait le médecin après la mort. Les secours arrivent toujours très en retard. L’incendie qui a ravagé le marché Ocass de Touba, le 17 novembre est le dernier exemple en date.
Charles Gaïky DIENE