La Russie a été exclue pour deux ans des grandes compétitions internationales en raison d’accusations de dopage institutionnalisé. Ses athlètes pourront toutefois concourir sous bannière neutre s’ils n’ont jamais été convaincus de dopage.
La Russie a été exclue, ce 17 décembre, pour deux ans des grandes compétitions internationales. Ses athlètes pourront toutefois concourir sous un drapeau neutre s’ils n’ont jamais été convaincus de dopage, a tranché le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Les trois arbitres désignés par le TAS ont «clairement confirmé» les propos du président de l’AMA, Witold Banka, selon lequel les autorités russes ont «effrontément et illégalement manipulé les données du laboratoire de Moscou, dans le but de dissimuler un programme de dopage institutionnalisé».
En cause : des accusations de dopage d’Etat, contestées par les autorités russes qui ont toujours clamé le caractère individuel de ces cas de dopage. En décembre 2019, Vladimir Poutine avait ainsi déclaré à ce propos : «Si quelqu’un a effectivement commis une infraction, bien naturellement cette personne doit être sanctionnée. Mais l’écrasante majorité de nos athlètes sont des sportifs propres. Pourquoi feraient-ils l’objet de sanctions ?» Il ajoutait encore en octobre 2020 : «On empêche, par des moyens pas très sportifs, nos athlètes d’atteindre les succès qu’ils méritent.»
L’Agence mondiale antidopage (AMA), qui réclamait l’an dernier quatre ans d’exclusion et des conditions plus dures encore pour les sportifs russes, s’est néanmoins dite «heureuse d’avoir remporté cette affaire qui fera date», selon son président Witold Banka.
Une mise au ban de Poutine «inacceptable» pour le président du Comité olympique russe
Les mesures infligées aux Russes, qui prendront fin le 16 décembre 2022, incluent donc les JO de Tokyo à l’été prochain et les JO d’hiver de Pékin en 2022, mais pas ceux de Paris en 2024. Le Comité international olympique (CIO) va «examiner avec attention la sentence ainsi que ses conséquences» pour ces compétitions, a-t-il indiqué dans un communiqué.
Il est également prévu que les officiels russes, dont le chef d’Etat, ne puissent pas assister aux grandes compétitions internationales. Enfin, le drapeau russe n’y sera pas montré, l’hymne russe n’y sera pas joué et la Russie ne pourra de surcroît accueillir aucun événement sportif majeur.
Cette mise au ban de Vladimir Poutine est «inacceptable», a réagi à Moscou Stanislav Pozdniakov, président du Comité olympique russe, se réjouissant cependant que les sportifs russes ne soient pas «collectivement» punis. Selon lui, «il n’y a pas de restrictions pesant sur la participation à des activités sportives internationales des athlètes et dirigeants des fédérations sportives russes et internationales, qui sont membres du comité exécutif du Comité olympique russe – contrairement à ce que certains médias ont affirmé.»
Tout athlète pourra en effet concourir sous bannière neutre à moins qu’il n’ait été «suspendu par une autorité compétente» : la possibilité est plus large que prévu par l’AMA, qui imposait aux sportifs concernés de démontrer leur absence de recours au dopage.
Restera à préciser comment cette dérogation peut s’appliquer aux sports collectifs et notamment à la phase finale de la Coupe du monde de football, qui s’achèvera la 18 décembre 2022 au Qatar.
Le président du Comité olympique russe a précisé que la Russie n’allait toutefois pas rester sans réagir : «Nous allons analyser soigneusement tout le texte de la décision, avoir les consultations nécessaires avec nos juristes, et nous prendrons une décision réfléchie et appropriée.»
RT