Mardi 15 décembre 2020, le Sénat a examiné en séance publique, en nouvelle lecture, le projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal, après l’échec de la commission mixte paritaire (CMP) qui s’était réunie le 19 novembre 2020.
La commission de la culture, de l’éducation et de la communication a constaté que les députés avaient refusé en CMP la création d’un Conseil national de réflexion sur la circulation et le retour des biens culturels extra-européens, et qu’ils étaient revenus, en nouvelle lecture, sur la modification sémantique apportée par le Sénat à l’intitulé du projet de loi, qui visait à remplacer le terme de “restitution” par celui de “retour”.
En votant contre la restitution des biens promise par le président français au Bénin et au Sénégal, le Sénat français assure ne pas avoir voulu s’opposer au retour des objets, mais plutôt à la « méthode Macron ».
C’est un nouveau coup de colère du Sénat français, principale force d’opposition politique face à une Assemblée nationale où les députés La République en marche, soutiens du président Emmanuel Macron, détiennent une confortable majorité. Mardi 15 décembre, les sénateurs ont rejeté le projet de loi sur les restitutions des biens culturels promis au Bénin et au Sénégal.
Le vote intervient dans un contexte déjà tendu : début novembre, les sénateurs avaient manifesté leur colère en apprenant – par la presse – que le gouvernement avait, sans en informer le Parlement, transféré à Madagascar la couronne ornant originellement le dais royal de la reine Ranavalona III, exposée depuis 1910 au Musée de l’armée, à Paris. Le 19 novembre, les discussions sur les restitutions menées entre députés et sénateurs au sein d’une commission mixte paritaire s’étaient ensuite soldées par un échec.
Aujourd’hui, mercredi 16 décembre, les responsables de la commission de la Culture de la haute assemblée avaient prévu de présenter les conclusions de leurs travaux, conduits depuis des mois, sur la restitution des œuvres exposées en France et acquises, pour certaines, à l’époque coloniale. Bousculés par l’actualité, ils se sont montrés particulièrement offensifs et agacés par l’attitude de l’Élysée dans le dossier.
Avec Jeune Afrique