Malgré le départ de Siré Dia, la société nationale La Poste continue d’être dans une situation exécrable. Elle est asphyxiée financièrement et par l’Etat à travers le paiement de ses bourses de sécurité familiale et par sa Direction générale à travers ses dépenses de prestige.
La société nationale La Poste ne respire pas la grande forme. Elle demeure en proie à des tensions de trésorerie récurrentes, voire quotidiennes, résultat d’une situation financière insoutenable. Les bureaux de poste éparpillés sur l’étendue du territoire national sont de plus en plus sevrés de clients, faute de fonds nécessaires. Les receveurs et agents de guichets subissent, en permanence et en toute impuissance, la colère d’une clientèle qu’ils peinent à satisfaire. Comme si cela ne suffisait pas, les détournements de fonds font légion dans les bureaux de Poste. La dernière en date, le détournement de plus de 120 millions de francs au bureau de la Recette Principale par le receveur Hamady Dia qui a pris la tangente. Avant cela, c’est le receveur de Dakar Etoile, Saliou Ndoye, qui s’illustrait par un détournement de 18 millions de francs. C’est un problème d’argent et de liquidités qui se pose constamment dans les bureaux de Poste.
En sus de cela, les travailleurs vivent dans l’expectative angoissante des fins de mois à l’issue incertaine. Cette situation, selon les travailleurs de La Poste, en atelier de partage le week-end dernier, est causée par l’Etat. «L’Etat a cessé, sans raison objective, de verser à La Poste la rémunération du service public dont le montant est actuellement évalué à 11,500 milliards. Ce montant n’est ni une subvention, encore moins un financement, mais une obligation de l’Etat à la lumière du contrat de concession du service postal universel qui le lie à La Poste. Il est paradoxale et déplorable que la Sn La Poste n’ait bénéficié d’aucun financement pour investissement ou pour appui à l’exploitation encore moins au développement», accuse Ibrahima Sarr, secrétaire général du syndicat national des travailleurs des postes et des télécommunications. Au lieu de cet accompagnement nécessaire, poursuit Sarr, «l’Etat crève les ressources de La Poste par une accumulation de créances, notamment avec le paiement des bourses de sécurité familiale pour lesquelles une reconnaissance de dette, signée le 3 septembre 2020, fait ressortir un solde au 31 août 2020 de plus de 34,646 milliards de francs Cfa. Le dernier paiement effectué dont la facturation faite sera intégrée dans le solde actuellement reconnu de la Direction générale à la protection sociale et à la solidarité nationale». Ce qui, à l’entendre, «porte le montant à environ 42 milliards».
En conséquence, les travailleurs exigent le paiement immédiat de toutes les créances dues à l’entreprise, notamment celles au titre des bourses de sécurité familiale. Ils demandent aussi des missions régulières de contrôle et d’audit pour corriger «les dérives» de gestion. Par ailleurs, le syndicaliste en chef de la Sntpt, affirme que dans un contexte de baisse drastique et continue du chiffre d’affaires, La Poste ne peut plus continuer de supporter les dépenses de prestige et d’accroître ses charges.
Magib GAYE