CONTRIBUTION
Aller à l’école au Sénégal pour une personne handicapée, c’est un rêve. Car, moins de 10 % des enfants handicapés vont à l’école. Et 80 % des adultes handicapés n’ont pas d’emploi. Pour la plupart, cela revient à une vie de pauvreté et de discrimination. Car, si un handicap a les mêmes diplômes qu’un valide il va être recalé au moment de l’entretien d’embauche.
La plupart des obstacles auxquels font face les personnes handicapées au Sénégal concernent l’accès aux infrastructures publiques, à l’éducation et à l’information.
Les infrastructures n’étant pas conçues pour la commodité d’utilisation. Certaines personnes vivant avec un handicap ne peuvent pas utiliser un ascenseur tout seul et il n’existe pas de guides en braille. C’est encore pire pour les utilisateurs de fauteuils roulants, car les rampes n’existent presque pas.
Le gouvernement a tout simplement oublié les handicapés. Pour l’instant, rien ne leur est réservé dans le budget du pays pour 2021.
Il n’y a pas le moindre projet ni programme en leur faveur. Les seules lois qui ont été votées en leur faveur ces dernières années restent non appliquées. En conséquence, les handicapés n’ont pas d’autre choix que de mendier. Et c’est encore plus difficile dans ce contexte de Covid-19.
Dans les rues de Dakar, des centaines de personnes handicapées mendient, la plupart d’entre eux, assis dans des fauteuils roulants improvisés ou se déplaçant sur des béquilles, les moins chanceux se traînant à terre sur les mains et les genoux au risque de se faire piétiné par des chauffards.
Les femmes sont souvent violées et les malades mentales ne sont pas épargnées.
Les personnes handicapées semblent également faire face à une société indifférente à leur sort. Quand celles-ci sollicitent l’aide du public pour lancer des projets de développement, elles sont considérées comme gênantes.
Le sentiment général est que leur place est dans la rue ou devant une mosquée ou église à mendier. La situation est pire dans les régions rurales où les enfants handicapés sont généralement confinés à la maison en raison d’anciennes croyances traditionnelles qui les considèrent comme une malédiction divine.
Certains vont même jusqu’à sacrifier des handicapés pour une fortune.
Pour tout résumer, je peux dire que notre société considère les personnes handicapées comme des poids morts encombrants qui n’ont aucun rôle à jouer, dans le développement du pays.
Au Sénégal, la qualité de vie des handicapés est lamentable parce que l’invalidité n’est pas socialement intégrée. Les personnes handicapées ne sont pas représentées dans les instances de décision, même pour les questions qui les concernent.
Nous voulons que les questions intéressant les personnes handicapées soient débattues dans le cadre de la préparation du budget. Et que le Président applique la loi sur le taux de recrutement de 15 % en faveur des handicapés
Et enfin aider au moins un des membres de la famille des handicapés qui sont incapables de travailler pour remédier à cette mendicité.
Cheikhou KOUTA,
Président Fédération des personnes handicapé dans le département de Guinguineo