Les parlementaires du groupe des libéraux et les non-inscrits ont exposé les failles et manquements dans la politique d’emploi de l’Etat. Après s’être posé moult interrogations sur les raisons qui poussent les jeunes à perdre confiance en leur pays au point d’aller se suicider en mer, Toussaint Manga dira que la question de l’emploi est au cœur des motivations des candidats à l’émigration clandestine. «Beaucoup d’emplois ne nourrissent pas leur homme. C’est pour cela qu’ils se préparent à l’émigration clandestine», dit-il, avant de formuler un certain nombre de solutions. «Il faut une approche stratégique pour intéresser et sensibiliser les jeunes. Il ne faut pas attendre que les jeunes viennent vers le ministère. Beaucoup de jeunes ne savent pas aujourd’hui qu’il y a de l’apprentissage ou une formation du ministère qui pourrait leur garantir un emploi», poursuit Toussaint Manga.
Il en est de même pour le députée Aïda Mbodj qui a déploré la pléthore de programmes et le «pilotage à vue» dans la question emploi. Ces députés considèrent que le problème de l’emploi est accentué par l’absence d’une bonne articulation avec la formation.
Par la même occasion, les députés ont souhaité la promotion de l’auto emploi, la réinsertion des jeunes à travers la mise en place de guichets d’information pour lutter contre la déperdition sociale.
Par ailleurs, ils suggèrent l’accompagnement des femmes du département de Sédhiou ainsi que l’accompagnement des jeunes. Le ministre a également été interpellé sur la part de la formation professionnelle dans l’agriculture, les modalités d’accès des femmes au financement, l’état des lieux de l’aide post Covid-19, le nombre exact de demandeurs d’emploi, la politique d’emploi au Sénégal, les offres de formation ainsi que les conditions d’accès.
Un argumentaire pauvre comme job
En commission, le ministre avait laissé entendre que le manque d’emploi n’est pas le seul générateur de l’émigration irrégulière. Car, d’après lui, parmi les candidats au départ figurent des salariés. Hier, il a insisté sur les statistiques en matière d’emploi. A l’en croire, 65 404 emplois ont été créés en 2019. D’après lui, ces emplois sont répertoriés par ses services. «Ce qui fait un cumul de 435 mille emplois créés de 2012 à 2019, compte non tenu des emplois créés dans la Fonction publique. Pour le secteur public, renseigne le ministre, en 2012, il y avait 91 mille agents publics mis en solde contre 145 mille fonctionnaires en 2019 soit 54 mille emplois publics nets créés en 7 ans. Aussi entre 2019 et 2020, 6 000 emplois publics nets sont créés», affirme le ministre qui ajoute néanmoins que 200 mille jeunes arrivent sur le marché de l’emploi chaque année. «Aujourd’hui, nous avons plus de 100 mille jeunes intégrés dans la formation professionnelle qui est une condition pour avoir des chances d’insérer le tissu économique mais elle n’est pas suffisante», poursuit Dame Diop, ajoutant que des modules en entrepreneuriat sont institutionnalisés dans les centres de formation pour régler la question de l’insertion.
Magib GAYE