« On ne connait la valeur de la source que lorsqu’elle est tarie »
Tous les deux, nous arpentions les dunes de sable de cet infini désert. Tout d’un coup, abruptement, tu t’en es allé alors que les rayons dardés par le soleil au zénith se faisaient plus accablants. Tu es parti alors que la Justice, source de notre quête, se trouvait encore à plusieurs lieux devant. Seul, désormais, il me faut rallier cet îlot d’espoir et d’espérance dont tu n’as cessé de clamer l’existence. Mais avant de partir, tu as indiqué la voie. Mieux, tu l’as tracée. Aussi lointains qu’ils peuvent paraitre, tes sermons résonnent encore plus forts, comme pour me maintenir dans le sillon.
Ainsi, l’égoïsme m’accapare, m’incitant à penser que je suis le seul orphelin. Mais, plus que quiconque, c’est le Peuple sénégalais qui t’a perdu. Plus les mois passent, plus il se rend compte que tu n’existais que pour lui. C’est maintenant qu’il comprend, que son sort était ton tourment.
Depuis ce fatidique 4 décembre 2018, vingt-quatre mois se sont écoulés mais, c’est comme si c’était hier. Béante est encore la plaie, qui rebute tout traitement connu. Cette angoisse que tu nous as laissée, continue d’emplir nos cœurs ravagés. Rien n’est plus comme avant, le Peuple a perdu sa sentinelle.
Maintenant que tu n’es plus là, c’est la sarabande des affiliés (le terme que tu leur collais). Les masques, ils ont jetés. Désormais, c’est au grand jour qu’ils opèrent. Le Peuple et ses besoins, ils n’ont que faire. L’eau parvient à inonder les maisons, mais ne coule pas des robinets. Se partager les prébendes, est leur seule passion. Pétrole et gaz, tout finit dans leurs poches. Même les taxes suées par les commerçants du marché, ils ne laissent rien passer.
L’année dernière au même moment, je t’informais que Macky SALL s’est réélu. Au premier tour il a dit. Aujourd’hui l’information, c‘est “Baka” qui a rejoint “Maka”. Sur le dos du Peuple orphelin, ils ont concocté leur plan. « Je suis au pouvoir, tu es dans l’opposition, dans tous les cas nous gagnons ». Quiconque les vilipende, reçoit un coup de griffe, si ce n’est le sort d’un charlatan.
« Le Sénégal n’est pas encore indépendant ». Cette phrase, que tu te désolais de répéter, émane, aujourd’hui, de la bouche de toute une jeunesse, consciente que son avenir est en train d’être volé après la réécriture de son passé. Comme je l’avais également dit, aussi passionné que tu as été, aussi patriote que tu as vécu, aussi bien remplie a été ta mission. Dire la vérité aurait suffi mais tu t’es battu pour laisser Wal fadjri. La voix « des sans voie » qui résonne à L’Aurore, telle était ta volonté. Tu n’es donc pas parti, c’est ta voix qui retentit.
Mame Birame WATHIE