Karim Wade et Khalifa Sall peuvent croiser les doigts et souhaiter que ce qui se peaufine en leur faveur se réalise. En effet, hier, lors du vote du budget du ministère de la Justice, des députés ont révélé qu’un projet de loi amnistiant les crimes financiers et économiques est dans le circuit. Lequel projet de loi viserait à effacer les condamnations de Karim Wade et de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et les rendrait à nouveau éligibles.
Les révélations faites par le Directeur de cabinet du chef de l’Etat sur les contacts entre les Présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall se confirment. Pour cause, un projet de loi d’amnistie des crimes financiers et économiques est dans le circuit. Lequel projet de loi, s’il passe à l’Assemblée nationale, va effacer les peines prononcées par la justice contre l’ancien ministre de la Coopération internationale et contre l’ancien maire de la Ville de Dakar. Ces derniers ont été condamnés à des peines de prison qui les rendent inéligibles. Avec ces peines, ils avaient, en effet, perdu leurs droits civils et politiques.
Candidat du Parti démocratique sénégalais à la dernière élection présidentielle, Karim Wade qui avait pourtant passé le filtre du parrainage, a finalement été recalé à cause de la perte de ses droits civils et politiques. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux qui faisait face aux députés hier a été interpellé, par les élus du peuple sur l’existence d’un projet de loi qui serait en préparation et dont l’objectif est d’amnistier les crimes financiers et économiques commis au Sénégal. Un souhait qui recoupe parfaitement celui d’un ancien parlementaire, Me Abdoulaye Babou en l’occurrence, qui suggérait la même chose il y a un an. Invité de l’émission Grand Jury de la Rfm, Me Abdoulaye Babou avait proposé une amnistie générale pour Karim Wade et l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall comme ce fut le cas dans l’affaire Me Babacar Sèye. «La décrispation du climat politique ne peut passer que par une amnistie. Parce que l’amnistie efface tout. Mais, je ne crois pas que le Président Macky Sall va prendre le risque d’amnistier Karim Wade et Khalifa Sall sans protéger sa famille. Il ne le fera pas. C’est la raison pour laquelle, je recommande une amnistie générale comme ce fut le cas dans l’affaire Me Babacar Sèye. Une amnistie qui va permettre à Khalifa Sall et Karim Wade d’être complètement libres et aussi permettre au Président Macky Sall d’assurer ses arrières», avait plaidé l’avocat.
Parallèlement à cette question, des députés du groupe parlementaire Liberté et Démocratie et certains non-inscrits se sont aussi interrogés sur l’utilité d’allouer des crédits à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui, disent-ils, «est une juridiction non fonctionnelle». Dans la foulée, le président du groupe parlementaire «Liberté et Démocratie» a introduit une motion préjudicielle sur l’irrégularité de la Crei pour le renvoi de l’examen du projet de budget. Mais c’était sans compter avec le président de la Commission des lois. Seydou Diouf a appelé à rejeter cette motion en qualifiant le parlementaire du Pds d’ «irresponsable». Relativement à la Crei, le ministre a précisé que cette juridiction spéciale, prévue par la législation sénégalaise, doit nécessairement disposer de crédits. Ainsi, dans le projet de loi de finances, cette institution bénéficie d’un montant de 766 millions en crédits de fonctionnement et de 200 millions pour les dépenses de transfert.
Par ailleurs, certains députés, comme Mamadou Lamine Diallo, ont suggéré l’abrogation des dispositions de l’article 80 du Code pénal sur le délit d’offense au chef de l’Etat. Car, selon eux, une confusion pourrait exister quand le ce chef de l’Etat est, en même temps, chef de parti. Il a, sous ce rapport, fait état d’une missive du journaliste Adama Gaye, actuellement exilé au Caire (Egypte) sur les violations par les libertés des dispositions de l’article 80 du Code pénal. Dans sa réponse au député Mamadou Lamine Diallo, le ministre dira que «l’Assemblée nationale n’est pas un lieu pour porter ce genre de propos pour une personne inculpée pour offense au chef de l’Etat. J’ai pour votre auguste Assemblée un très grand respect».
Le projet de budget 2021 du ministère de la Justice a été arrêté à 48 milliards 456 millions en crédits de paiement. Les autorisations d’engagement sont évaluées à 59 milliards 155 millions.
Magib GAYE