Malgré la panoplie de textes en matière de lutte contre la corruption, des difficultés demeurent quant à leur application. Le recel, le détournement de deniers publics, les trafics d’influence et autres actes de corruption ou concussion perdurent. C’est ce qui ressort de l’étude de la convention de l’Ua de prévention et de lutte contre la corruption au Sénégal.
Le Sénégal traîne les pieds pour la mise en œuvre de la convention de l’Union africaine sur la prévention de la corruption au Sénégal. C’est ce qui est ressorti d’une étude de mise en œuvre de la convention de l’Ua de prévention et de lutte contre la corruption au Sénégal, réalisée par des magistrats dont Moustapha Ka. «Il est lassant de venir chaque année pour dire que le Sénégal est sur la liste rouge», fulmine Birahime Seck, le coordonnateur du Forum civil. Me Ousmane Sèye qui a pris part à la rencontre, déplore que les rapports de l’Ofnac ne soient pas suivis d’effets. A titre d’exemple, il y a l’absence d’une loi sur l’accès à l’information au Sénégal. «On entend le secrétaire d’Etat chargé des droits humains dire que le Sénégal travaille pour faire adopter en Conseil des ministres une loi sur l’accès à l’information. Mais on s’est rendu compte que sur le financement des partis politiques, on n’a pas encore une loi. Ce que demande la convention de l’Ua qui a été ratifiée par le Sénégal. Il y a également ces dispositions qui sont transposées au Sénégal, mais qui contiennent un certain nombre d’insuffisances ou de faiblesses. C’est la loi sur la déclaration de patrimoine», poursuit Birahime Seck. «Fondamentalement, le Sénégal a un problème d’applications des textes. Il y a une panoplie de textes en matière de lutte contre la corruption, mais de plus en plus il y a des difficultés d’application de ces textes», dit-il encore.
En effet, le Sénégal ratifie beaucoup de dispositions concernant des infractions comme l’enrichissement illicite, le recel, le détournement de deniers publics, le trafic d’influence, mais refuse de les appliquer.
Ainsi, Birahime Seck veut, par l’intermédiaire de la société civile et de la presse, amener le gouvernement à se conformer de façon effective à la convention de l’Ua. Il indique qu’il faut davantage que la société civile et les médias continuent leur travail d’investigation et de contrôle de l’action publique pour poursuivre un travail de plaidoyer et de renforcement de capacité de dissémination de la convention et de l’ensemble des réglementations. Même s’il reconnaît que la tâche ne sera pas facile.
Magib GAYE