Le chef de l’Etat avait incognito et arbitrairement fait d’Idrissa Seck le chef de l’opposition. Car bien que le statut du chef de l’opposition soit inscrit dans la constitution après le référendum de 2016, rien ne précise qu’il doit revenir à celui qui est arrivé second lors de la dernière présidentielle.
Le référendum de 2016 a consacré le statut du chef de l’opposition. Il est désormais dans l’architecture institutionnelle. Cependant, aucune loi, aucun décret, aucun règlement ne dit que ce statut doit forcément revenir au candidat arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle de 2019, en l’occurrence Idrissa Seck ou s’il doit revenir au chef de l’opposition parlementaire, incarné par Cheikh Bara Dolly Mbacké, président du groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates, le groupe du Pds. Mais, d’après les confidences d’Idrissa Seck, le président de la République avait décidé de faire de lui le chef de l’opposition. Ainsi, Macky Sall avait choisi en catimini et de manière arbitraire son allié Idrissa Seck comme chef de l’opposition. «Le président de la République avait fait de moi le chef de l’opposition», déclare en wolof le leader de Rewmi. Idrissa Seck, qui présentait ses condoléances, ce samedi, à Nafissatou Diop Cissé, affirme que dans leurs discussions, Macky Sall lui a suggéré de laisser tomber cette question de chef de l’opposition et de venir travailler avec lui. Parce que, d’après lui, ils ont des responsabilités envers le peuple sénégalais. Et cela, eu égard à la crise sanitaire mondiale et la crise sécuritaire sur le continent. Le jour de sa nomination surprise à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Idrissa Seck avait avoué qu’il était en discussion avec Macky Sall depuis des mois. Mais c’est la première fois qu’il confesse qu’on lui avait attribué ce statut sans aucune base légale.
Idrissa Seck, membre de la mouvance présidentielle et président du Cese, c’est Ousmane Sonko, qui est arrivé 3e lors de la dernière élection présidentielle, qui devrait logiquement enfiler le costume de chef de l’opposition. Ainsi, Ousmane Sonko devrait être l’alter ego de Macky Sall. Mais connaissant l’animosité entre les deux hommes, il très peu probable que le chef de l’Etat l’attribut au leader de Pastef. Car en le faisant, il le renforce politiquement et surtout lui donne d’énormes moyens financiers. A défaut de reconnaître Ousmane Sonko, Macky Sall devrait donc l’attribuer au président du groupe parlementaire des libéraux et donc indirectement à Karim Wade. C’est dire que Macky Sall est dos au mur. Il devra choisir entre ses deux meilleurs ennemis.
Charles Gaïky DIENE