(Correspondance) – Dans le département de Podor, malgré la fermeture des frontières liée à la pandémie de la Covid-19, aujourd’hui à la surprise générale, le long du fleuve entre le Sénégal et la Mauritanie, les populations font la navette entre les deux rives sans être inquiétées.
En effet, dans l’arrondissement de Saldé et de Cas-cas, au niveau des villages de Thioublel et de Diaranguel, c’est en plein jour que ces populations empruntent des pirogues au vu et au su des garde-côtes. Et pourtant pour l’heure, aucune notification officielle émanant des autorités étatiques au niveau surtout du ministère de l’Intérieur, n’est encore parvenue aux autorités locales pour autoriser ces populations à traverser la frontière, renseigne une autorité administrative locale.
Autre fait important noté le long de nos frontières, est qu’au niveau des villages de Thioublel, Sinthiou Dangdé, Winding et de Diaranguel c’est une importante quantité de produits alimentaires frauduleux, qui quitte la Mauritanie vers le Sénégal. Dans ces lieux de passages clandestins, d’importantes quantités de bidons d’huile, de sucre, lait, tomate, thé etc sont embarquées dans des pirogues de fortune quittant la Mauritanie. Au niveau du Sénégal, dès que la marchandise arrive, elle est aussitôt transportée par des charretiers vers les marchés hebdomadaires où très souvent le produit est écoulé auprès de grands commerçants situés dans les localités limitrophes de la Mauritanie.
Dans ces lieux de passage, ce qui s’y passe est extrêmement grave surtout pour la santé des populations. Car aucun des fraudeurs ne portent de masque, encore que le lavage des mains avec l’eau et du savon relève d’un véritable luxe entre ces deux rives où aucune disposition sanitaire n’est prise. Les autorités sont-elles au courant de la traversée de ces populations et autres fraudeurs qui exercent le long de ces villages des deux rives ? Les récentes mesures prises par le ministre de l’Intérieur de sanctionner tout récalcitrant, face à ces mesures concerneraient-elles les populations situées sur le long de cette frontière ? Même s’il est vrai que la fraude leur est interdite, ils disent ne plus avoir le choix car ce travail leur permet non seulement de vivre, mais de les aider surtout à faire face aux besoins vitaux de leurs familles. Et notre interlocuteur de laisser entendre que pendant les quatre mois qu’ils sont restés chez eux, dans le confinement total, beaucoup d’entre eux ont perdu leurs épouses. Pour d’autres par contre, même si la frontière reste toujours fermée officiellement, il est hors de question de rester les bras croisés.
Abou KANE