«Nous demandons le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Keïta en tant que président de la République». Cette exigence des chefs d’Etat de la Cedeao qui sonne comme une menace à l’endroit des putschistes maliens en dit long sur la mission quasi impossible de Macky Sall, Ouattara, Issoufou et Cie. La Junte soutenue par des millions de Maliens n’est pas prête à reculer. Même si certaines sanctions économiques risquent d’asphyxier le Mali.
Les chefs d’Etat de la Cedeao ne croient toujours pas, ou feignent de ne pas accepter que leur collègue Ibrahima Boubacar Keïta a été chassé du pouvoir par l’armée malienne. Après une première salve de condamnations, Macky Sall, Ouattara et Cie ont tenu hier une visioconférence pour raisonner les putschistes. Mais surtout exiger que IBK sois rétabli au plus vite dans ses fonctions de chef d’Etat du Mali. «Nous demandons le rétablissement du président Ibrahim Boubacar Keïta en tant que président de la République» a déclaré le chef de l’État nigérien, Mahamadou Issoufou, qui assure la présidence de la Cedeao, à la fin d’un sommet virtuel. «Nous décidons de dépêcher immédiatement une délégation de haut niveau pour assurer le retour immédiat de l’ordre constitutionnel», a-t-il ajouté. La Cedeao qui martèle que «le temps des coups d’Etat est révolu» exige aussi la libération de l’ancien Président malien ainsi que toutes les autres autorités arrêtées lors de l’opération dirigée par le colonel Moussa Diaw et ses frères d’armes.
Malheureusement, cette médiation pour ne pas dire ces menaces à peine voilées des chefs d’Etat de la Cedeao à l’endroit de la junte ressemblent à un prêche dans le désert. On voit mal comment les putschistes soutenus par des millions de Maliens vont accepter de réinstaller IBK à la tête du mali sur simple demande de ses homologues africains. Surtout que ces mêmes chefs d’Etat avaient échoué dans leur médiation face au M5 de l’Imam Dicko il y a juste quelques semaines. Les sanctions économiques brandies par certains Présidents africains n’y feront rien. Elles ne feront qu’empirer le quotidien du peuple malien déjà éprouvé par la mal gouvernance de IBK et les exactions des terroristes. D’ailleurs c’est ce qu’a bien compris le Président Macky Sall qui a appelé ses pairs à réapprécier les sanctions annoncées pour tenir compte des impératifs humanitaires. «Dans cette perspective, les denrées de première nécessité, les produits pétroliers et les produits pharmaceutiques ne devraient pas être concernés par l’embargo», a plaidé le Président sénégalais. Un amendement qui a été accepté pour être intégré dans la déclaration finale.
Quant à une intervention militaire comme en Gambie pour chasser la junte, elle serait tout simplement suicidaire. La solution aujourd’hui c’est d’encadrer la transition et de pousser les militaires à organiser des élection pour désigner le successeur de IBK par les urnes et non par les armes. Autant dire que Macky Sall, Ouattara, Issoufou et Cie sont dans l’embarras dans la situation actuelle. Mais pour se donner bonne conscience ils refusent d’encaisser le coup et de se rendre à l’évidence. Normal car ils se disent tous que chacun d’eux pourrait se retrouver demain dans la même situation d’IBK. «Nous devons agir, avec détermination afin d’obtenir, par tous les moyens, le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Mali», martèle Alassane Ouattara dans un tweet. Mais apparemment le Président ivoirien ne parle pas le même langage que son ami français qui dit clairement que «nous n’avons pas à nous substituer à la souveraineté malienne et au peuple malien». La messe est donc presque dite. Mais en attendant, dans la résolution lue par Issoufou, le Mali est suspendu de tous les organes de décision de la Cedeao avec effet immédiat, conformément au Protocole additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et ce, jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel. Il a été aussi décidé de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les pays membres de la Cedeao et le Mali et invite tous les partenaires à faire de même. Les chefs d’Etat ont demandé «la montée en puissance immédiate de la Force en Attente de la Cedeao» et ont demandé à la Commission de la Cedeao «à mettre en œuvre immédiatement un ensemble de sanctions contre tous les putschistes et leurs partenaires et collaborateurs».
Georges Nesta DIOP