Le juge du tribunal des flagrants délits de Thiès a accordé la liberté provisoire aux 17 villageois de Tobène (Thiès, ouest) poursuivis pour “attroupement illégal, violences sur agents dans l’exercice de leurs fonctions et incitation à la rébellion”, en attendant le délibéré renvoyé au 26 août prochain.
De nombreuses personnes se sont retrouvées devant le tribunal tôt vendredi matin, pour manifester leur soutien aux villageois qui ont été interpellés le 12 août dernier dans cette localité du département de Tivaouane.
Les populations de Tobène se sont opposées aux Industries chimiques du Sénégal (ICS), qui veulent récupérer 6 hectares de terres dont elles ont la concession et indemniser les propriétaires à hauteur de 1,05 million de Fcfa par hectare, selon leur porte-parole Cheikh Top. Un barème que les villageois contestent, selon lui, réclamant une indemnisation ’’ juste et équitable’’.
La mobilisation des habitants de Tobène qui réclamaient leurs droits, avait conduit à l’arrestation de plus d’une vingtaine de personnes dont certaines ont été aussitôt relâchées.
Dix-sept personnes dont plusieurs chefs de village ont comparu vendredi matin à la barre du tribunal de grande instance de Thiès.
A tour de rôle, les prévenus ont nié les faits qui leur sont reprochés, déclarant avoir été interpellés chez eux, et n’avoir participé à aucune manifestation.
L’un des chefs de village interrogés, Mbaye Sakho, a expliqué, pour sa défense, “être trop âgé pour inciter les gens à s’affronter”.
“Je n’étais pas présent au moment des faits, j’ai été cueilli chez moi à 6 heures du matin, sans que je ne sache pourquoi, c’est bien après que j’ai été informé” de ce qu’on me reproche, a-t-il dit.
Le parquet a requis une peine d’avertissement pour les prévenus, excepté le prévenu Cheikh Fall, en requalifiant le chef d’”incitation à la rébellion par le biais d’un système informatique’’, initialement retenu à son encontre, en ’’provocation à un attroupement non armé’’.
A la barre, Cheikh Fall a nié les faits, soutenant avoir simplement prévenu par téléphone les populations de Tobène, en leur demandant d’être prudentes. Il a aussi nié sa présence sur les lieux au moment des faits.
Les avocats de la défense, qui sont plus d’une dizaine, dont Me Khoureychi Ba et Me Assane Dioma Ndiaye, ont demandé la relaxe pure et simple des prévenus.
“L’affaire n’est pas encore vidée, mais au vu de la tournure et du message lancé par le tribunal en accordant cette liberté provisoire, on peut espérer que le tribunal nous suivra dans la voix de la relaxe”, a soutenu Me Assane Dioma Ndiaye à la fin de l’audience.
Il a indiqué qu’ils s’étaient évertués dans leurs plaidoiries à montrer la légitimité de ce combat des populations locales.
“Il ne s’agit pas d’un combat contre la légalité, il s’agit d’un combat pour la justiciabilité des droits fondamentaux consacrés par la Constitution.”
APS