Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a démissionné suite à la mutinerie, entraînant la chute du gouvernement et la destitution de l’Assemblée. Les mutins créent un “Comité National de Salut du Peuple”.
Au Mali, la page IBK est tournée. Le président malien a rendu dans la nuit d’hier sa démission, celle de son gouvernement, et annoncé la dissolution de l’assemblée nationale. Cette démission survient après une longue journée de mutinerie qui a débouché sur un coup d’état militaire. Les mutins ont arrêté Ibrahim Boubacar Keita et son premier ministre Boubou Cissé qu’ils ont transféré au camp militaire de Kati, près de Bamako.
Le fil des événements
Les événements se sont accélérés à Bamako hier [mardi] en fin d’après-midi.
Plusieurs groupes de jeunes mutins se rendent au domicile du désormais ex-président de la République Ibrahim Boubacar Keïta afin de l’arrêter et de le contraindre à la démission.
Le président IBK n’oppose aucune résistance et accepte d’être conduit dans la ville garnison de Kati (ville située à 15 kilomètres de Bamako) en compagnie de son chef de gouvernement. Après plusieurs heures de tractations, le chef de l’Etat accepte finalement de s’adresser à la nation :
‘’Je voudrais en ce moment précis tout en remerciant le peuple malien de son accompagnement au long de ses nombreuses années, de la chaleur de son affection vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions, à partir de ce moment et avec toutes les conséquences de droit, à savoir, la dissolution de l’assemblée nationale et celle du gouvernement.”
Des élections… pour bientôt?
Les auteurs de ce coup d’état militaire justifient leur acte par la mauvaise gouvernance, l’insécurité grandissante dans le pays, les élections législatives contestées ou encore les atteintes aux droits fondamentaux des citoyens.
Les militaires qui ont renversé le président ont annoncé la création du CNSP, le Comité National du Salut du Peuple. Ils promettent d’assurer la continuité de l’Etat et des élections “dans un délai raisonnable”. Colonel major Ismaël Wague, porte-parole du CNSP :
“A compter de ce jour 19 Août 2020, toutes les frontières aériennes et terrestres du pays sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est instauré de 21h à 5h du matin jusqu’à nouvel ordre. La continuité des services publics sera assurée par ceux qui en droit au regard des textes en vigueur. La société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique qui jettera les bases d’un Mali nouveau.”
Une situation prévisible
Le sociologue Brema Ely Dicko estime qu’il est regrettable d’en être arrivé là :
‘’… mais personnellement, je ne suis pas surpris compte tenu de la contestation et de la résilience du M5-RFP, l’élargissement de sa base, une certaine grogne au sein de l’armée, le rapport de l’ONU [de la semaine dernière] qui cite nommément des hauts gradés militaires proches du régime.’’
Le PARENA (Parti pour la renaissance nationale) formation politique d’Ibrahim Boubacar Keïta, condamne le coup d’état et exige la libération de l’ancien président, de son premier ministre et de tous les détenus politiques.
DW