Le département de Podor qui était jusque-là épargné de la pandémie de la Covid-19 compte, à ce jour, quatre cas liés à la contamination d’une vielle dame décédée à Ndioum. Pis, faute d’un scanner, les populations de Podor et de Matam vivent en sursis. Elles ont tiré la sonnette d’alarme.
(Correspondance) – Pour une population qui tourne autour de 562 mille âmes, Matam ne disposait que d’un seul scanner. C’est la même situation à laquelle fait face le personnel soignant du département de Podor. Une zone qui compte un peu plus de 500 mille habitants. C’est donc plus d’un million d’individus qui sont exposés. Faute de scanner, les patients peuvent mourir à tout moment. Ils rendent l’âme en l’absence d’appareil de diagnostic, qui n’existe nulle part ailleurs dans les départements de Podor et celui de Matam.
Récemment, c’est une dame âgée de 72 ans de la commune de Ndioum qui en a fait les frais. Elle n’a pas été prise en charge parce que le centre hospitalier de Ndioum où elle était internée ne dispose pas de scanner. Le personnel était dans l’obligation de l’évacuer d’urgence vers le centre de traitement de l’hôpital de Saint-Louis. Arrivée dans cette structure sanitaire, selon une source médicale, le diagnostic révèle son statut de positivité au coronavirus. Elle rendra l’âme sur place. Lasses d’attendre, les populations du Nord exigent cet appareil pour leurs structures hospitalières qui accueillent des centaines de malades par jour, des patients en provenance de la sous-région, de la Mauritanie voisine et du département de Linguère. «L’appareil en question est important pour faire face aux accidents vasculaires cérébraux. Un appareil qui est d’ailleurs très indispensable pour d’autres examens pathologiques», confie un médecin. «Aujourd’hui dans les départements de Matam et de Podor, la prise en charge risque d’être très fatale car la présence du scanner est une nécessité pour un diagnostic complet du malade. Mais aujourd’hui comble de désespoir, dans la prévention contre cette pandémie, les districts de santé de Podor, de Pété et l’hôpital de Ndioum sont sans scanner», alerte la source médicale.
Au moment où ces différentes structures sanitaires souffrent de l’absence de scanners, celui de l’hôpital régional de Ourossogui est tombé en panne. Conséquences : des milliers de malades issus de la zone sont obligés de faire des centaines de kilomètres pour être pris en charge au niveau des structures hospitalières de Saint-Louis ou Louga avec tous les risques que cela comporte. La majorité de ces malades arrivent souvent exténués et rendent l’âme. Ce qui fera dire à un médecin, chargé des urgences dans une structure de la place, que «dans cette zone Nord, la population est en sursis».
Abou KANE