Pour défaut de paiement d’une facture de plus de 2,6 milliards de francs Cfa sur un contrat de supervision de son réseau de distribution, SmartSen, différent de celui des compteurs, Ami, la start-up Akilee a fait bloquer les comptes de Senelec.
Elle a saisi, depuis le 22 juillet dernier, le Président du tribunal de commerce hors classe de Dakar par une requête aux fins de saisie conservatoires de créances. Une mesure qui pourrait disjoncter l’électricien à côté des risques d’approvisionnement avec la Société africaine de raffinage dont on parle. Les consommateurs risquent de tirer le nez dans cette bataille électrique qui n’en finit pas.
Risque de court-circuit à Senelec, débranchée des banques. Alors qu’elle envisage de réduire substantiellement ses pertes et économiser de l’argent, son projet risque de tomber à l’eau. Ce, à cause de la bataille électrique qui l’oppose à la start-up Akilee, société avec laquelle elle est liée par un contrat sur le système de comptage. WalfQuotidien vient d’apprendre, de sources sûres, qu’Akilee a fait bloquer avec succès auprès de certaines banques, les comptes de Senelec suite aux défauts répétés de paiement pour des services et prestations qui n’ont rien à voir avec le contrat sur les compteurs intelligents. En effet, malgré plusieurs relances amiables et des échéances dépassées depuis 7 mois Senelec s’obstine à refuser de payer les factures, alors même que, nous dit-on, «Akilee avait la possibilité de demander la saisie des comptes de Senelec». Ce qu’elle s’est refusée de faire, selon nos sources, qui expliquent cette démarche par le simple fait que la société d’Amadou Ly est «consciente de l’importance et du rôle que joue Senelec pour le Sénégal».
Ne voulant pas exposer les Sénégalais à des troubles, Akilee a continué à maintenir ses services en supportant de nombreuses dépenses lourdes pour la poursuite de l’installation des compteurs dans tout le Sénégal et les charges d’exploitation de l’infrastructure de comptage intelligent déployée. A ce jour, indiquent nos sources, «avec 87 % des travaux réalisés, seulement 30 % d’avance de démarrage ont été payés. Et là encore, avec 6 mois de retard pour une avance supposée permettre le démarrage des travaux qu’Akilee a financés par ailleurs».
Pendant ce temps, il a été fait cas dans la presse de la signature par Senelec d’un contrat avec la société israélienne Powercom, en violation de la clause d’exclusivité du contrat qui le lie avec Akilee, pour le déploiement de compteurs intelligents, sans aucun appel d’offres. Pis, renseignent nos sources, pour cette société israélienne, Senelec aurait déjà payé 1,5 milliard de francs Cfa en moins de 3 mois.
Ainsi, le fait de trainer la main pour signer le chèque d’Akilee est assimilé par certains à une tentative d’asphyxie financière de la start-up sénégalaise. Comme si cela ne suffisait pas, après qu’Akilee ait réclamé le paiement de ses factures en vain, elle a été contrainte d’interrompre les travaux d’installation et le paiement des charges d’exploitation, à savoir les télécommunications, serveurs…, parce que devant privilégier le paiement des salaires de ses employés. Lorsque l’accès à SmartSen, le premier système de supervision du réseau de distribution du Sénégal en temps réel, a été interrompu, Senelec a voulu accuser Akilee de vouloir perturber le Système électrique et a fait appel à la société chinoise Kaifa pour redévelopper le logiciel qu’Akilee a déjà développé et mis en exploitation depuis 2018. Donc, au lieu de payer les factures d’Akilee, la direction générale de Senelec a décidé d’engager de nouvelles dépenses, puisque déjà faites avec Akilee, qu’il suffisait de payer et qu’il faudra payer tôt ou tard.
Joint par WalfQuotidien, Akilee souligne que cela dénote de «l’irresponsabilité de la nouvelle direction et le gaspillage de ressources publiques dans un contexte de crise sanitaire contraignant pour l’économie nationale». De l’autre côté, nos nombreuses tentatives de joindre Senelec sont restées vaines. Des sources en interne soulignent que certains syndicalistes maison commencent à le murmurer pour s’en inquiéter dans la boite que dirige Papa Mademba Bitèye.
Rappelons que le projet SmartSen permet de superviser en temps réel et à distance le réseau électrique, de gérer les ouvrages, de prévenir les pannes et avaries sur les transformateurs, de suivre la qualité de l’énergie livrée chez les clients et d’orienter les programmes d’investissement de Senelec pour l’amélioration de la qualité du service public d’électricité.
Seyni DIOP