Bête noire du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), l’imam Mahmoud Dicko revient sur son rôle dans l’insurrection au Mali.
Mais également sur ses véritables intentions politiques, sa volonté réelle ou supposée d’instaurer une République islamique dans son pays ou encore ses relations avec les organisations terroristes maliennes. Aucun aspect de la question liée à la crise malienne n’est laissé en rade par le leader charismatique du Mouvement du 5 Juin (M5), une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile malienne qui réclame le départ d’IBK. C’était au cours d’un entretien exclusif accordé à Sud Fm. Synthèse.
Les causes de la révolte populaire
«Ibrahim Boubacar Keïta et ses partisans ont été élus pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. C’est leur job. Pourquoi ont-ils laissé d’autres forces s’installer dans le pays ? Ils n’ont pas fait leur travail. Ce qui est là, est-ce au nom de la religion ou est-ce le fait d’autres forces obscures, ou de gens frustrés par des comportements qui ont trouvé leur manière à eux de s’exprimer ? Il y a trois choses qui ne m’ont jamais inquiété parce qu’elles ne dépendent pas de moi : où est-ce que je vais mourir ? Quand est-ce que je dois mourir ? Et Comment je vais mourir ? Ce ne sont pas vraiment des préoccupations pour moi.
Liaisons avec les terroristes
«Je n’ai aucune accointances réelles ou supposées avec les mouvements terroristes qui opèrent en territoire malien. Je ne partage rien avec qui que ce soit, mais il faut partager la vérité avec tout le monde. S’il y a un problème, il faut chercher à en connaître la nature pour ensuite trouver des solutions. Il y a beaucoup de gens parmi les djihadistes qui sont là seulement parce que tous les horizons sont bouchés pour eux. Ils ne savent pas ce qu’il faut faire. Ils ont un fusil et c’est un instinct de survie pour eux. Leur engagement dans le djihadisme et le terrorisme n’est donc pas une conviction religieuse réelle chez eux.
République islamique au Mali
«La religion ne doit pas être imposée car c’est un choix personnel. Le fait de venir avec des fusils et des bombes, ce n’est pas la religion. Ici en Afrique, la religion a toujours été un choix. Personne ne nous l’a imposée. Une réflexion s’impose pour avoir des réponses sur la lutte armée que mènent certains groupes qui se réclament de la religion. On doit le savoir. Une réflexion dans laquelle le monde musulman ne doit pas jouer les seconds rôles. Je suis persuadé que les organisations internationales islamiques ont le devoir de discuter de ces questions et de trouver des solutions internes. Il ne faut pas laisser le débat aux autres. Le faire, ce n’est pas être en collusion avec les terroristes. Ce n’est pas une conviction religieuse réelle. Une bonne partie des candidats au jihad ont besoin d’être orientés. Ils ont besoin de ça. J’impute la responsabilité de la naissance de cette floraison de groupes djihadistes en Afrique de l’Ouest à l’échec des politiques. Ils ont été élus pour préserver l’intégrité territoriale. C’est leur job. Pourquoi ils ont laissé d’autres forces s’installer dans le pays. Ils n’ont pas fait leur travail.
Médiation de la Cedeao
«Si la médiation de la Cedeao est en passe d’échouer au Mali, c’est parce que les mesures de sortie de crise qu’elle propose sont superficielles. Je vais d’abord saluer la présence de ces chefs d’État au Mali pour venir partager avec nous les préoccupations qui sont les nôtres. Le Mali traverse aujourd’hui une crise extrêmement profonde parce que c’est une crise existentielle. Cette crise n’est pas politique ou institutionnelle. C’est l’existence même du Mali qui est en jeu. Les Maliens ont réuni leurs forces pour restaurer la nation malienne qui est en train de s’abîmer sous leurs yeux. Les mesures qu’ils ont prises sont vraiment des mesures superficielles qui ne tiennent pas en compte les véritables problèmes de gouvernance qui minent ce pays. Ce n’est pas un gouvernement d’union qui nous intéresse. Je ne suis animé par une volonté quelconque d’occuper un poste. Nous ne nous sommes pas déplacés pour chercher des places ou devenir ministre. Moi, je peux vous dire que je ne cherche rien et je ne suis candidat à rien. Je suis imam et je resterai imam. Aujourd’hui, ce sont les populations maliennes qui sont en train de s’entretuer et, cela est encouragé par les autorités au vu et au su de tous. Ce qui m’intéresse c’est de trouver une solution à cela».
Pape NDIAYE