Comme elle l’avait annoncé, l’organisation dirigée par Birahim SECK a sorti l’affaire des gazelles oryx des frontières du Sénégal.
Dans une lettre ayant pour objet «Interpellation sur des enlèvements d’oryx au Sénégal» et adressée au chargé de Programmes du Bureau régional Afrique de l’Ouest ONU-environnement, le Forum civil invite la structure onusienne à prendre des mesures immédiates suite aux «graves menaces qui pèsent sur la colonie de gazelle oryx (oryx dammah) qui vit au Sénégal». «Afin de préserver ce patrimoine mondial, nous militons pour que des mesures immédiates (sanctions y compris) de cessation de ces prélèvements inappropriés et de réparation du préjudice écologique soient prises», souligne le document.
le renforcement du cadre réglementaire sénégalais de protection des espèces en danger, figurant sur la liste rouge de l’UICN et mise en place d’un dispositif transparent de suivi écologique des oryx sont les deux autres points que le Forum civil a portés à la table de Adamou Bouhari, le chargé de Programmes du Bureau régional Afrique de l’Ouest d’Onu-Environnement, destinataire de la lettre. «Durant le transfert d’une bande de gazelles oryx (dont le nombre exact reste à déterminer) de la région naturelle du Ferlo, réserve mondiale de la biosphère, il a été constaté la mort d’au moins 2 d’entre elles dans des conditions effroyables. Ce qu’on pensait être un banal accident de transport s’est révélé être la partie visible de l’iceberg d’un vaste scandale de prédation d’oryx par de hautes autorités de l’Etat», a tenu à rappeler Birahim Seck pas convaincu des arguments servis par la Direction nationale des parcs (DPN) qu’il accuse même d’être en parfaite collusion avec les bénéficiaires. «Le ministère de l’Environnement, à travers la direction des Parcs nationaux, a publié un communiqué pour justifier le transfert de cette bande d’oryx vers une ‘’réserve privée’’ et les conditions de ce transfert. Mais ce communiqué est troublant à bien des égards, parce qu’il est la preuve écrite (aveu) d’un dispositif de bradage institutionnalisé du maigre patrimoine de biodiversité dont dispose le Sénégal», a rapporté le Forum civil à M. Bouhari. «C’est la preuve matérielle que la Direction des parcs nationaux (DPN) a distribué à sa guise des oryx à des particuliers, en violation des règles d’écologie les plus primaires et des dispositions légales du Sénégal», déduit M. SECK. Il a d’ailleurs évoqué nombre de violations autour de cette affaire. «On peut noter qu’il n’y ait pas eu d’appels à concurrence publique pour sélectionner (sur la base de critères) les fermes privées devant accueillir les bandes d’oryx à redéployer, si tant est qu’elles doivent l’être pour éviter des problèmes de consanguinité», a-t-il souligné comme première violation. «Un doute pèse sur l’existence d’un audit ou d’une étude d’impact environnemental diligentée par la DPN avant ces relocalisations des oryx (…) les principaux bénéficiaires connus de ces oryx sont de hautes personnalités en fonction dans le gouvernement actuel», a-t-il poursuivi au registre des violations. «Cela montre que les dispositions opérationnelles et législatives en vigueur au Sénégal n’ont pas permis de protéger le cheptel d’oryx, quand bien même que le Sénégal ait ratifié la Convention des Nations unies sur la diversité biologique et soit membre de l’UICN ainsi que bien d’autres accords multilatéraux sur l’environnement», fait-il remarquer au chargé de Programmes de la structure onusienne. «Il nous incombe la responsabilité de protéger ce bien commun. C’est pourquoi nous alertons sur la situation de mauvaise gestion du stock de gazelles oryx au Sénégal», a tenu à rappeler le Forum civil, tout en s’attendant de l’Onu-environnement la prise des «dispositions nécessaires à la préservation des oryx du Sénégal».
Avec LeQuotidien