Les préparatifs de la Tabaski vont bon train chez les éleveurs de la banlieue. Mais les clients se font désirer, à deux semaines de la fête religieuse. Un tour dans les foirails de Dalifort et de Thiaroye Gare.
A deux semaines de la fête de la Tabaski 2020, les éleveurs de la banlieue se disent confronter à d’énormes difficultés. Un petit tour au niveau du foirail des petits ruminants de Dalifort et celui de Thiaroye Gare permet de cerner les problèmes. Ces difficultés sont partagées entre rareté des clients, enclavement, insuffisance éclairage public et de sécurité mais aussi de l’eau, entre autres.
Au niveau du foirail des petits ruminants de Dalifort communément appelé Seras (Société d’exploitation des ressources animalières du Sénégal), qui est l’un des plus grands centres d’approvisionnement en moutons, les éleveurs rencontrés disent de ne pas voir l’ombre d’un client, pour le moment. A notre arrivée sur place vers les coups de 11 heures, ce sont des rabatteurs qui accueillent les clients pour nous proposer des moutons à bon prix. Mais lorsque nous avons décliné notre identité et les motivations de notre visite, ce fut alors la déception.
Parlant de la rareté des clients, l’un des responsables des éleveurs, Amadou Tidiane Sow, soutient que «les moutons sont chers et les clients ne viennent pas pour le moment». Et le Président du foirail des petits ruminants de Dalifort, Mamadou Talla, d’ajouter : «Les marchands de bétail sont prêts pour la Tabaski à accueillir les éleveurs qui vont amener les moutons et les clients qui vont venir ici s’approvisionner. Mais pour le moment, les clients viennent à compte-goutte. Je leur demande quand même de venir acheter très tôt leurs moutons».
100 mille moutons attendus à Seras
Sur le nombre de bêtes attendu, Mamadou Talla soutient : «Nous sommes là dans le plus grand site de vente de la région de Dakar. Car ce site en dehors de la Tabaski, c’est le site qui reçoit 55 à 60 mille ruminants par mois. Donc pour la nourriture en viande de la région de Dakar, je crois que c’est le principal site. Donc à une vingtaine de jours de la Tabaski sur les 260 mille moutons qu’attend la région de Dakar, c’est le site qui doit recevoir autour de 100 mille moutons. Donc, c’est un site important».
Pour ce qui du problème d’accès à leur équipement marchand, Amadou Tidiane Sow laisse entendre : «Notre foirail est enclavé voire inaccessible à cause du Ter qui nous a coupé complètement. Avant, c’était facile de débarquer un camion de moutons et de sortir. Mais maintenant, c’est impossible car le Ter a fermé le foirail». Et Mamadou Talla de poursuivre : «Il se trouve que nous avons été impactés par le Ter. Notre espace faisait 04 hectares 200 ares. Mais nous avons été imputés d’un hectare. Aujourd’hui, nous faisons 03 hectares, 200 ares. Mais l’exploitation de la superficie n’a pas été faite de manière correcte. Car le foirail a été scindé en deux parties. Pour aller de l’autre côté du foirail, il faut passer par un tunnel. Et quand il va pleuvoir, ça va se transformer en canal d’évacuation. Le Ter a impacté sérieusement notre espace de travail. Ce qui fait qu’il y a un problème d’accès. Puisque nous avons une seule entrée et une seule sortie maintenant à savoir la Cité Lobatt Fall. Or, avant, on entrait par Lobatt Fall et on pouvait sortir par l’ancienne route de Rufisque ou par Yarakh».
Autres doléances étalées par les Téfankés, ce sont le renforcement de la sécurité, de l’adduction d’eau et l’électrification, l’augmentation de la subvention pour l’aliment de bétail mais aussi l’octroi de financements. «Nous saluons les efforts de la Police de Pikine et de la Gendarmerie pour la sécurisation de cet espace. Mais nous voulons un renforcement de la sécurité avec l’approche de la fête», a fait encore comprendre Mamadou Talla. Car, a-t-il tenu à faire savoir pour se justifier, «les transactions financières dans ce foirail pour le Département de Pikine tournent autour de 100 millions par jour soit 2 000 à 3 000 petits ruminants. Donc, ce site joue un rôle très important dans le tissu économique. Nous avons reçu 30 tonnes mais nous voulons qu’à l’avenir qu’il y ait une discrimination positive en notre faveur». Et Amadou Tidiane Sow de renchérir : «Nous voulons et la sécurité et le renforcement de l’eau car nous achetons la bassine à 150 francs. Certes, il y a des citernes d’eau de la société SenEau qui viennent mais c’est insuffisant. Chaque jour, nous achetons 05 sacs de foin dont le prix unitaire est de 65 mille francs et actuellement, les clients ne sont pas encore au rendez-vous. Donc, il faut qu’on nous renforce en aliments de bétail. Nous entendons la Der, car nous n’avons jamais bénéficié de financements. Nous voulons que notre ministre de tutelle nous prenne en compte en négociant avec son collègue. Car ici, il y a de braves gens qui n’ont besoin que d’un petit coup de pouce pour avancer. Aucun jeune n’a obtenu de financements. On entend la Der mais cela n’est jamais arrivé à nous».
Pas de clients au foiral de Thiaroye Gare
Au niveau du foirail de Thiaroye Gare, les éleveurs qui se plaignent de la rareté des clients attendent le renforcement de l’électrification et la mise à disponibilité de blocs sanitaires. Pour leur président, Omar Ndiaye, «les clients viennent pour marchander sans acheter. Nous attendons le renforcement de l’électrification et des toilettes».
Sur la rareté des clients, Ablaye Tall souligne que «c’est la crise de la Covid-19 qui a amené cette rareté des clients. Mais, nous espérons voire les clients durant la dernière semaine de la fête de Tabaski». Pour ce qui est de la sécurité, Omar Ndiaye précise que «le problème est déjà réglé». «Que ce soit la Police de Thiaroye, de Guinaw-Rails ou la Brigade de Gendarmerie de Thiaroye, les responsables se sont manifestés pour sécuriser notre cadre de travail», dit-il.
Théodore SEMEDO