La Covid-19 ne fait pas seulement que de victimes sanitaires. Elle a plombé aussi la subsistance de beaucoup de personnes surtout en milieu rural, selon une étude menée dans les 14 régions.
La crise sanitaire a également des conséquences sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des Sénégalais. En effet, une enquête l’institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) dans les 14 régions du Sénégal pour recueillir le ressenti des populations sur l’impact que cette crise a sur leur quotidien et leur, révèle que le coronavirus a fortement touché les populations. «Il existe de réelles menaces d’insécurité alimentaire qui peuvent engendrer un affaissement de l’économie nationale», soutient Amadou Kanouté, Directeur exécutif de cet institut.
L’enquête souligne que la vie économique de certaines régions est marquée par les échanges économiques au sein des marchés quotidiens, hebdomadaires (louma) ou supermarchés. Donnant l’exemple sur les louma de Kolda qui polarisent plus de 60 villages environnants avec plus de 600 tonnes de riz, plus de 300 tonnes de céréales et plus de 800 tonnes de légumes vendus par mois, les enquêteurs de cet institut soutiennent que la fermeture du marché de Diaobé pendant 8 semaines a entrainé un manque à gagner estimé à environ 5 milliards de Francs. Ils affirment que ce «Louma de Diaobé» avec un chiffre d’affaire de 700 000 000 F CFA par semaine est le plus grand marché hebdomadaire de l’Afrique de l’Ouest. «A l’évidence, la fermeture de ces marchés hebdomadaires aujourd’hui rouverts avec les mesures d’assouplissement dans les différentes régions du pays a eu des impacts non négligeables dans l’approvisionnement en denrées alimentaires des populations avec une flambée des prix, une rareté des produits agricoles, animales et végétales, une inaccessibilité et une indisponibilité des produits de qualité couplées à des problèmes de stockage», note le rapport.
Face à ces difficultés, l’institut préconise des solutions d’adaptation, d’innovation dans la chaîne d’approvisionnement en nourriture. Dans les localités de Fatick, Kébémer, Tambacounda et Ziguinchor, les populations s’organisent pour s’approvisionner lorsque les légumes ou poissons sont à bon prix. Certains achètent et stockent des grandes quantités de produits alimentaires afin de prévenir les ruptures de stock. Tandis que d’autres s’approvisionnement en denrées périssables pour ensuite les mettre au frais à côté du canari ou chez les voisins qui possèdent des réfrigérateurs. Et pour mieux faire face aux effets de la pandémie le rapport exhorte l’État à mettre en place des stocks de sécurité pour garantir la disponibilité permanente des produits alimentaires de première nécessité à un coût acceptable. L’institut veut aussi que le gouvernement réduise autant que possible la dépendance du marché et surtout extérieur pour assurer la sécurité alimentaire de ses citoyens. L’institut plaide aussi pour qu’on favorise l’émergence de systèmes alimentaires (production, transformation, distribution, stockage, consommation, gestion des déchets) plus durables, plus résilients et plus favorables aux exploitations familiales locales.
Mamadou GACKO