Les créateurs tardent à voir la couleur de l’argent promis dans le cadre de l’appui face aux conséquences de la Covid-19. Les 7000 artisans recensés devaient recevoir chacun 150 mille francs Cfa.
Les 150 mille francs promis à chacun des 7000 artisans recensés tardent à tomber. C’est un total de 2 milliards de francs Cfa que le ministère a prévu pour accompagner les artisans. Juste que depuis l’annonce, il y a plus d’un mois, les créateurs n’ont pas vu la couleur de cet argent qui doit leur être remis dans le cadre d’un projet pour l’employabilité par l’apprentissage rénové (Peja). «Non, on n’a pas encore reçu l’aide financière promise. On n’est au courant de rien de ce qui vient de l’Etat», confie un responsable artisan. Il était question de savoir comment ils s’en sortent face aux conséquences de la crise liée à la Covid-19, comme par exemple la fermeture des frontières, l’arrêt du tourisme, etc.
Mais ce retard serait causé par l’accord qui lie l’Etat à l’opérateur, chargé de mettre en place l’application, qui permet d’effectuer les paies. Les choses prennent du temps au moment où les urgences n’attendent pas pour les créateurs qui, après les impacts de la maladie, tentent vaille que vaille de se relever. En effet, la dernière décision d’application de la réciprocité vis-à-vis des pays de l’espace Schengen, les mesures restrictives à cause de la Covid-19 au cours du quadrimestre, ont mis à genoux l’artisanat qui tirait déjà le diable par la queue. L’autre urgence pour les créateurs de recevoir vite ce petit coup de pouce est l’avènement de la tabaski. En tout cas, ils sont nombreux à se triturer les méninges pour l’achat du mouton, des habits, etc.
En réalité, la somme pourrait servir de bouche-trou pour certains artisans. En rappelant qu’on a l’artisanat de production, d’art et de service. «L’impact est différent d’un corps de métier à un autre. Il y en a qui sont deux, voire trois fois plus impactés que les autres. Par exemple, l’impact peut être beaucoup plus important chez le marchand d’art que chez le tailleur», confie t-on au ministère de l’Emploi, de la formation professionnelle et de l’Artisanat. Qui a d’ailleurs, dans le cadre de l’appui aux artisans, décidé d’acheter 1 million de masques auprès des tailleurs pour les mettre à la disposition des école et lycées à l’occasion de la réouverture.
Le risque est que l’aide d’urgence à l’attention des artisans tarde à arriver. En effet, l’Etat a décidé d’aller au delà des sept mille recensés. Lors du dernier Conseil des ministres, le gouvernement a jugé qu’il y avait un certain nombre de corps de métier identifiés et d’autres sur lesquels il fallait trouver les moyens de les accompagner (salon de coiffure, restauration). La population artisanale avoisine «le million», estime-t-on. Si l’Etat peine à donner, en urgence, les pécunes aux premiers recensés, il risque d’y avoir une grande léthargie pour l’accès de l’aide aux autres.
Emile DASYLVA