Les paysans de Ndengler et de Djilakh ne sont pas seuls dans le bras de fer les opposant au tout puissant patron de la SEDIMA.
Avocat et natif de Djilakh, Me Boucounta DIALLO est entré dans la danse. Se prononçant sur cette affaire, ce dimanche, sur les ondes de la RFM, il s’est radicalement opposé à la mise à disposition d’une telle surface à un homme d’affaire. «La régularité et la légitimité n’entraînent pas la licéité. La délibération sur les 225 ha accordés à Babacar Ngom est frappée d’illégalité et la commune a outrepassé ses compétences. On ne doit pas devenir milliardaire sur un simple décret du président de la République. Il faut faire tout pour faire revenir ce titre foncier dans le domaine de l’Etat. Et si ce régime ne le fait pas, les autres régimes qui vont venir le feront », martele l’avocat.
Poursuivant, Me DIALLO estime que même en se basant sur les déclarations du PDG de la SEDIMA, l’Etat doit intervenir pour reprendre ces terres. «Babacar NGOM nous dit que c’est un investissement de 2 milliards. Il oublie qu’avec 225 ha, un habitant de Djilakh qui le présente à une banque obtient un financement. Ce qui est grave dans cette affaire, c’est que les terres de Djilakh peuvent être vendues à 10 mille francs CFA le mètre carré. L’Etat ne peut pas enrichir une société commerciale sur le dos des populations. L’UEMOA interdit tout enrichissement ou toute aide à une société privée. Cela fausse la concurrence.», observe-t-il. Avant d’ajouter, « imaginez que l’Etat puisse permettre à ce qu’une société commerciale bénéficie d’un droit de propriété sur 225 hectares dans un village. Si cette société tombe en faillite cela veut dire quoi ? Le patrimoine de cette société doit être vendu par des liquidateurs pour désintéresser les créanciers. On peut vendre à des étrangers, à des Américains, des Espagnols, qui viendront avec un pouvoir exorbitant sur nos populations et nos terres. Mais c’est très grave ce qui se passe ».
Selon lui, « il y a une prolifération de ces pratiques au niveau du département de Mbour, à cause des enjeux économiques du moment et de tous les projets en vue et si on y prend garde, les étrangers seront propriétaires de toutes ces terres ». L’avocat de rappeler que « le tripatouillage du foncier a été à l’origine de notre conflit en Casamance, du conflit au Nord du Sénégal, de rébellions affirmées un peu partout ».
A noter que les populations de Djilakh ont, comme elles l’avaient annoncé, battu le macadam ce dimanche pour renouveler non et leur désapprobation du projet de Babacar NGOM. Avec Me Boucounta DIALLO qui a défendu la cause de beaucoup d’opposants africains, notamment Alpha Condé dont il revendique l’amitié, Djilakh a un renfort de taille qui s’y connait.
WALFNet