CONTRIBUTION
Il est toujours difficile de résumer la vie d’un homme en quelques lignes, surtout s’il s’agit d’un homme multidimensionnel ; un homme qui a consacré toute sa vie au service de l’islam et de la patrie.
Un enseignant pédagogue, il l’a été.
Un orateur hors pair, convaincant et ouvert d’esprit, tout son auditoire le lui reconnaît.
Un prédicateur vaillant, brave et courageux, prêt à répondre à l’assaut des pourfendeurs de ses convictions foncièrement islamiques, il l’est sans doute.
Un diplomate, qui s’investissait dans le champ des relations internationales entre son pays et le monde arabe, Il était. J’en veux pour preuve son organisation réussie de la Conférence internationale des Oulémas de la Ummah en 2011.
Un homme politique loyal, prêt à aller au four et au charbon pour défendre ses convictions politiques, ses camarades de parti, partout où il est passé dans sa longue marche politique, ne me démentiront pas.
Un leader incontestable de la société civile musulmane à l’échelle mondiale, défendant toutes les causes nobles de l’Islam et de la Ummah, ayant en bandoulière sa foi et sa science encyclopédique, sa récente nomination comme Secrétaire général des organisations de la société civile des pays de l’Oci le corrobore.
L’homme était vraiment multidimensionnel.
Oustaz Mouhamadou Bamba Ndiaye était un homme d’un genre bien à lui. Il était d’une courtoisie exquise, affable et disponible, il était très généreux en savoir avec une dextérité orale dont lui seul avait le génie. Qui le connaît, connaît un homme endurant et vaillant qui a su gérer avec lucidité des triomphes et faire face dignement à des revers.
La nouvelle de son décès a surpris pas moins d’un, et l’émotion liée à sa disparition a envahi tout l’espace public sénégalais. Des témoignages fusent de partout, du Liban, au Caire, de la Mauritanie à la Palestine. Sans oublier ses innombrables compagnons du temps des vaches maigres du mouvement islamique et arabophone du Sénégal qui jadis étaient pris dans les entrailles d’une société dont l’élite acculturée était sous l’emprise des idéologies dominantes de l’époque, entre une assimilation à la culture française et un communisme athée qui cherchait à exclure Dieu du débat public. C’était un contexte lourd duquel il fallait sortir pour exister, s’affirmer et s’émanciper.
De ces compagnons de fortune et pionniers du mouvement islamique sénégalais de ce demi-siècle, nous pouvons citer sans être exhaustif, Cheikh Abdoulatif Gueye (Ra), Oustaz Serigne Babou, Imam Ahmad Dame Ndiaye, Dr Momar Kane, Imam Mbaye Niang et tant d’autres….
Le monde entier est témoin de l’engagement fort utile de ces hommes dans la défense et la promotion de l’islam. Etant chronologiquement le premier Ministre en charge des affaires religieuses de la République du Sénégal depuis son indépendance, Oustaz Bamba comme nous l’appelions affectueusement, n’a jamais oublié que c’est l’islam qui constitue le socle de son ascension sociale et qu’il se devait de le défendre en soldat indéfectible.
«Homme de son temps», Bamba laisse derrière lui son amour de l’Islam, son dévouement envers sa communauté et son courage devant l’adversité.
Je l’ai connu d’abord à travers ses innombrables audios de Tafsir du Coran en français, lui l’arabophone, à la grande Mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop, puis par ses conférences sur l’esplanade de la mosquée inachevée de l’aéroport de Dakar, puis en grand-frère, ami et conseiller dans mon parcours d’imam Ratib de la grande mosquée de l’Ucad et militant des causes islamiques et sociales, lui et son compagnon de tous les jours, l’autre monument de la défense de l’islam et des droits des arabophones au Sénégal, Oustaz Sidy Lamine Niasse, qu’Allah illumine sa tombe.
Avec Oustaz Bamba, nous avons partagé plusieurs plateaux radio et télé. Même ayant quelques fois des positions divergentes sur certaines questions, l’homme incarnait dans ses analyses, argumentaires et déductions, une personne cultivée, simple, ouverte d’esprit et traitant avec respect son vis-à-vis.
Le Sénégal vient de perdre une sommité intellectuelle dont l’apport incommensurable pour la promotion de l’islam, de ses valeurs et pour le vivre ensemble dans la paix et la cohésion sociale continue d’inspirer bon nombre d’acteurs.
Qu’Allah accueille Oustaz Mouhammadou Bamba Ndiaye dans son paradis Firdaws, lui absolve tous ses péchés et accepte l’ensemble de ses bonnes actions dans la défense de l’Islam et de la patrie.
Tu es certes un devancier, nous allons tous te rejoindre.
A Dieu, cher Grand-frère.
Imam Ismaila NDIAYE