L’ancien ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall, ne lâche pas l’affaire des contrats pétroliers qui avaient précipité son départ du gouvernement de Macky Sall. Selon lui, c’est Total elle-même qui a écrit le contrat et a donné l’ordre au Sénégal de signer.
Le fondateur de la République des valeurs, ne digère toujours pas la façon, dit-il, dont les contrats entre l’Etat du Sénégal et l’entreprise Total ont été ficelés. Ruminant sa colère, il juge «scandaleux» le partage de production d’hydrocarbures entre le Sénégal et la multinationale française. «Les conditions dans lesquelles Total a obtenu le contrat sont illégales, injustes et asymétriques avec les intérêts du Sénégal. Personne ne garantissait que Total allait trouver ou ne va pas trouver. Mais s’ils avaient trouvé, on n’aurait rien eu de notre pétrole. Total a, elle-même, écrit le contrat et dit au Sénégal: vous signez, ici», a révélé Thierno Alassane Sall. Il faut souligner qu’après sa démission ou limogeage, du gouvernement, c’est le Premier ministre d’alors, Mahammad Boun Abdalah Dionne qui avait pris le dossier en main, cumulant ainsi la fonction du Pm et celui de ministre de l’Energie. Selon certaines informations, Thierno Alassane Sall avait refusé de signer au Palais deux accords avec le groupe Total. Le premier accord est un contrat de recherche et de partage de production d’hydrocarbures sur le bloc Rufisque Offshore Profond, d’une superficie de 10.357 km2. Total sera opérateur de ce bloc (90%) aux côtés de la Société nationale des pétroles du Sénégal (Petrosen), qui détiendra les 10% restants. Le second accord porte sur une coopération avec Petrosen et le ministère de l’Energie et du Développement des Energies Renouvelables de la République du Sénégal.
Très en verve, hier, l’ancien ministre de l’Energie, qui était l’invité de Jury du dimanche sur I-radio, a indiqué, après avoir fait la comparaison, que tous les autres contrats antérieurs étaient beaucoup plus favorables que ce que proposait l’entreprise française. «Les classements, parce qu’il y avait plusieurs offres, faisaient de Total bon dernier si on excluait une offre qui ne pouvait pas être recevable ou avant dernier si on retenait cette offre», soutient Thierno Alassane Sall. Qui, par ailleurs, a affiché une certaine prudence sur les prévisions du géant australien Woodside sur la production du premier baril de pétrole au Sénégal dans le bloc de Sangomar. «Nous sommes entrés dans un monde d’incertitudes. Et tant que les gens n’auront pas une visibilité, ils pourront faire des prévisions, mais on ne peut pas savoir. Nous sommes soumis aux aléas du marché mondial. Je voudrais savoir sur quelle base les gens se sont fondés pour dire un ou deux ans. Ni Bp, ni Total encore moins les grandes compagnies ne peuvent vous dire de manière certaine ce qui se passera dans 6 mois encore moins dans deux ans. On est en pleine crise de Covid-19», estime-t-il.
Mamadou GACKO