Le relâchement des Sénégalais inspiré par les autorités n’est pas du gout du Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-dentistes du Sénégal (SAMES). Dans le communiqué ci-dessous, l’organisation syndicale égrène un chapelet de griefs et menace d’arrêter de contribuer à la lutte contre le Coronavirus.
Le Bureau Exécutif National (BEN) du Syndicat Autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-dentistes du Sénégal (SAMES) s’est réuni en session ordinaire ce samedi 20 juin 2020 pour se prononcer sur les questions du Secteur de la santé.
Après trois (03) mois de lutte contre la pandémie à Covid-19, le SAMES tient à féliciter les agents de santé pour leur comportement exemplaire malgré les conditions difficiles dans lesquelles le travail est effectué.Sur le plan opérationnel, cet engagement des camarades rencontre peu de collaboration voire de la résistance avec menaces ou invectives de la part d’une partie de la population. En communiquant à outrance sur les 1000 milliards du plan de résilience économique que le secteur de la santé n’a pas vu, l’Etat a fait penser à une partie de la population que les agents de santé étaient rétribués en échange d’hospitalisations de malades de la Covid-19. C’est pourquoi nous tenons à informer la population qu’aucun agent de santé n’a reçu de l’argent en échange d’une hospitalisation de malades. D’ailleurs les équipes d’investigation manquent cruellement d’appui et les comités de développement sanitaires supportent la quasi-totalité des charges.
Le SAMES exige le respect et la sécurité des agents de santé et va demander purement et simplement l’arrêt des missions de prélèvement sur le terrain si l’Etat ne prend pas ses responsabilités pour la protection des agents. Et même si le SAMES comprend la nécessité de faire reprendre les activités économiques brandie par l’Etat, la cacophonie des décisions prises par l’Etat a conduit à la banalisation de la maladie par la population et le message subconscient : « L’Etat est passé à autre chose ». Ainsi le relâchement constaté dans la population est global y compris au sein des forces de défense et de sécurité chargés d’appliquer les mesures de port obligatoire des masques dans les lieux publics et dans les transports.
Les agents de santé sont laissés à eux-mêmes ! Nos patients diabétiques, hypertendus, cancéreux et nos ainés succombent de plus en plus et de jour en jour, et bientôt la barre des 100 décès sera franchie.
L’Etat doit se ressaisir et suivre les indications du Comité National de Gestion des épidémies. Aujourd’hui, il est nécessaire de faire comprendre et appliquer les mesures de port obligatoire des masques dans les lieux publics et mettre assez de ressources pour assurer correctement les missions de terrain des districts. C’est le sens qu’il faut donner au geste posé par l’Ordre National des Médecins du Sénégal et les autres ordres qui ont fait des dons en équipements de protection, nous les en remercions très vivement.N’est-ce pas le moment de supprimer les institutions comme le HCCT et le CESE à l’utilité douteuse pour consacrer les ressources économisées aux véritables priorités sanitaires et éducatives ?
Le deuxième aspect abordé est en rapport avec la dette hospitalière. En effet au lieu de payer ses dettes aux structures de santé conformément à l’instruction du Chef de l’Etat, l’Agence de la Couverture Maladie Universelle (ACMU) propose une convention dans laquelle elle demande aux Directeurs d’hôpitaux de renoncer à une partie des montants dus et validés. Il en est de même pour le remboursement des couts de prise en charge de la gratuité des enfants âgés de 0 à 5 ans au niveau des districts sanitaires dont les montants validés ont été amputés sans aucun critère précisé, et en lieu et place, l’ACMU propose un montant insignifiant représentant parfois le dixième du montant réel dû à rembourser immédiatement aux structures sous condition que ces dernières renoncent au reste de la dette constatée jusqu’en décembre 2019.Cette tentative d’arnaque ne passera pas et tous les agents de santé feront face. Le SAMES n’exclut aucune méthode de lutte si l’ACMU persiste dans ce chantage basé sur la détresse financière des structures de santé.
Le SAMES dénonce également les atteintes répétées à l’honorabilité et à la dignité des agents de santé par les sorties médiatiques du Ministre du Développement communautaire et ses directeurs d’agences qui, incapables de faire face à leurs responsabilités pour payer leurs dettes accusent sans preuves et jettent le discrédit sur le secteur de la santé en totale manque de solidarité gouvernementale. Même de petits conseillers techniques à l’ACMU se permettent d’accuser de vol les responsables des structures de santé. Comment peut-on voler une dette, l’incompétence et le ridicule ne tuent pas ! Cela ne nous étonne guère puisque ces agences servent juste à caser la clientèle politique.
Quant au Ministère de la santé et de l’Action Sociale, profitant de la crise de la Covid-19, il a procédé à plusieurs nominations à des postes de responsabilité sans respecter les règles de de compétition acquises depuis plusieurs années. Le SAMES rappelle que la santé est éminemment technique et le SAMES n’acceptera aucune nomination clientéliste de novices sans expériences qui vont mettre en péril les programmes de santé.
Le SAMES va prochainement publier son plan d’action au regard de tous ces problèmes identifiés et demande aux agents de santé de se tenir prêts et de ne prendre aucun risque dans le suivi des contacts.
Enfin le SAMES remercie tous ceux qui supportent et réconfortent les agents de santé au quotidien et appelle au sens de la responsabilité toute la population sénégalaise afin de protéger nos concitoyens porteurs de maladie chronique et nos ainés.