Les habitants de la cité avion dénoncent un bradage foncier et compte tout faire pour contrecarrer la privatisation de leur espace socio-culturel.
Décidément, la polémique autour du foncier n’a pas fini de livrer tous ses secrets. A Ouakam, c’est le titre foncier TF 1306/NGA, sis à la cité Avion, qui fait débat. Cette bande de terre de 50 hectares et de plus de 2 000 parcelles qui accueillait jusqu’ici les activités sportives et culturelles de la cité, risque d’être privatisée, si ce n’est déjà fait. ‘’Le seul espace vital de notre cité fait l’objet d’une ruée de spéculation foncière. C’est nous, jeunes de la cité Avion, qui l’avons viabilisé et entretenu. Il n’y avait que des arbres ici. Nous avons fait le terrassement pour le rendre praticable. On avait deux terrains dans cet espace où notre ASC (association sportive et culturelle) jouait tous ses matchs.
Mais, en 2013, les autorités nous ont fait comprendre qu’il faut qu’on quitte cet espace, parce qu’elles voulaient y ériger un mur pour préserver la sécurité de l’aéroport. A l’époque, la population avait refusé, car on soupçonnait un lotissement non avoué. Il y a eu plusieurs manifestations au cours desquelles une vingtaine de jeunes ont été arrêtés et emprisonnés. On n’a pas cru à leur prétexte, mais ils nous ont fait comprendre que c’est une question de sécurité nationale et que ce mur répondait aux normes aéroportuaires’’, a expliqué Sadio Diouf, porte-parole du collectif des habitants de la cité, lors d’un point de presse samedi dernier.
Ainsi, ‘’au nom de l’intérêt du pays’’, la population a laissé faire l’Etat. ‘’Le préfet d’alors, Alioune Badara Diop, avait abondé dans le même sens et nous a dit que même s’il y avait un jour un lotissement dans cette zone, on allait nous redonner nos terres. A notre grande surprise, aujourd’hui, on constate qu’un lotissement a été fait dans cette bande, des baux sont sortis de cette bande et il y a même des autorités qui ont reçu des terrains de cette bande. On ne nous a même pas informés de ce qui se passait, et selon nos informations, la municipalité a bénéficié d’un quota. Plus grave, ils comptent faire un aménagement dans cet espace et le donner à d’autres Sénégalais qui ne sont ni de la cité Avion ni de Ouakam. Pourquoi nous qui avons viabilisé cet espace, nous qui avons nos terrains dans cet espace, sommes chassés d’ici ?’’, s’interroge-t-il.
Le collectif des habitants de la cité Avion pointe du doigt les autorités étatiques, en particulier le directeur des Domaines, le ministre des Finances et celui de l’Urbanisme. ‘’On a déposé une lettre dans chacun de ces départements. Si rien n’est fait, on va revenir dans ce site avec toute la population de cité Avion pour récupérer nos terrains. Nous allons abattre le mur pour récupérer nos terres’’, menace le collectif.
Par ailleurs, ces riverains digèrent mal le fait qu’un quartier de plus de 50 000 habitants ne comptent pas d’école élémentaire, pas de dispensaire, pas de marché, encore moins d’espace de jeu. Des infrastructures socio-éducatives qui auraient dû être construites dans cette bande de terre hautement sécurisée à ce jour par la gendarmerie de Ouakam. Deux lettres ont été adressées au chef de l’Etat en ce sens le 1er septembre 2013 et le 14 mars 2014 sans suite. ‘’Nous avons assisté au morcellement de ce site sans qu’aucun habitant ne soit informé. Pourquoi veut-on nous chasser d’ici ? Si ce genre de chose continue, je pense qu’on va arriver à un moment où on n’aura même plus d’espace pour respirer et nous pensons que le président n’est pas bien informé. Mais nous ferons face à cette spoliation foncière’’, prévient le porte-parole.
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