Le face-à-face entre le commissaire de police divisionnaire de classe exceptionnelle, Boubacar Sadio et les enquêteurs de la Brigade des affaires générales (Bag) n’a pas eu lieu, hier.
Il a auparavant été interpellé à son domicile et acheminé quelques instants après à Colobane, dimanche le 21 juin, vers les coups de 18 heures, puis libéré par convocation, avant-hier à 16 heures. Hier, c’est en cours de route que l’auteur de la lettre ouverte adressée au chef de l’Etat, Macky Sall, a été informé de l’annulation de la procédure engagée contre lui. Cependant, son avocat, Me Cheikh Koureichi Bâ, voit dans cet avortement à la dernière minute de la convocation de son client une marche en arrière de l’Etat. «La Dic vient de notifier au commissaire Boubacar Sadio qui s’apprêtait à venir déférer à la convocation que la procédure n’étant plus d’actualité, son déplacement est sans objet. Ils ont discuté entre eux et remarqué que l’affaire n’est pas prudente», annonce-t-il en réaction.
Ce dernier qui qualifie cette annulation de «décision souveraine» souligne qu’aucun motif encore moins une raison n’ont été donnés comme justification. «Ce n’est pas bien de priver un citoyen de ses droits pendants 24 heures et en mettre route sa famille et ses proches sous tension. L’autorité s’est rétractée. C’est regrettable. Les autorités se sont carrément désavouées», se félicite Me Bâ. «L’enquête ne pourrait pas être poursuivie puisqu’il a assumé l’entièreté de la contribution qui a fait l’objet de sa convocation. Il a aussi assumé l’intégralité de tous ses écrits et de toutes ses sorties dans les studios de radios et plateaux de télévisions», clame l’avocat joint au téléphone.
Selon toujours la robe noire, les rumeurs qui font croire que le commissaire est membre d’un mouvement qui comploterait contre l’Etat et qui participerait à la marche le 23 juin, sont fausses. «Tout cela est de l’intoxication. Ce n’est pas sérieux. C’est un homme qui a passé toute sa vie à servir l’Etat. Les autorités ont peur de tout, même de leur entourage», déplore le conseil de l’ex-Directeur général adjoint (Dga) de la Police sénégalaise.
Pour rappel, dans la lettre ouverte intitulée : «Vous n’auriez jamais dû être président», qui a valu à ce haut gradé de la Police nationale à la retraite une interpellation, Boubacar Sadio écrit : «Sénégal est malade de la perversion des principes républicains et de la déliquescence morale de ses dirigeants (…)». Les charges initialement retenues contre lui et qui seront par la suite abandonnées sont : offense au chef de l’Etat, atteinte à la sureté de l’Etat et diffusion de fausses nouvelles.
Salif KA