Si la quasi totalité de la planète est désormais touchée par le coronavirus, 14 pays – sur les 197 reconnus par l’ONU – n’ont encore fait état d’aucun cas de Covid-19 sur leur territoire.
Parmi eux, deux sont situés en Asie : l’un en Asie centrale, le Turkménistan, et l’autre en Asie de l’Est, la Corée du Nord. Quant aux douze autres, ce sont de petites îles perdues dans l’océan Pacifique : Kiribati, îles Marshall, Micronésie, Nauru, Palaos, îles Salomon, Samoa, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, îles Cook et Niue – ces deux derniers, reconnus par les Nations Unies sans en être membres, sont des Etats en libre association avec la Nouvelle-Zélande.
Excepté ces pays à zéro cas, on en dénombre une vingtaine d’autres recensant moins de 100 infections de Covid-19, donc quasiment épargnés par la pandémie mondiale. Ils sont principalement localisés dans les Caraïbes (Grenade, Barbade, Dominique, Antigua-et-Barbuda, Sainte-Lucie…). On en trouve également quelques uns en Afrique (Namibie, Botswana, Gambie, Lesotho), en Asie (Laos, Bhoutan, Timor oriental), en Europe de l’Ouest (Vatican, Liechtenstein et Monaco – dont le prince Albert II, depuis guéri, a été contaminé en mars dernier), en Océanie (Fidji et Papouasie-Nouvelle-Guinée), ainsi qu’en Amérique centrale (Belize).
La crédibilité des chiffres de la Corée du Nord et du Turkménistan en question
Si l’absence de cas de Covid-19 est crédible dans les micro-Etats du Pacifique, extrêmement isolés et qui ont rapidement fermé leurs frontières, ce n’est pas en Corée du Nord et au Turkménistan, deux Etats autoritaires respectivement dernier et avant-dernier du classement 2020 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF). Ils sont en effet soupçonnés de cacher la réalité de l’épidémie dans leur pays.
Dans le cas de la Corée du Nord, les experts ne croient pas à ce bilan parfait alors que le pays est voisin de la Chine, où le Covid-19 est apparu et a fait des dégâts majeurs (environ 84.000 infections et quelque 4.600 morts), l’Empire du Milieu étant de surcroît le premier partenaire commercial de Pyongyang. De plus, des responsables nord-coréens auraient reconnu auprès de leurs citoyens des cas de Covid-19, a rapporté Radio Free Asia mi-avril. Début mai, le régime de Kim Jong-un a par ailleurs annoncé un durcissement des mesures de quarantaine, de confinement, de contrôle et de désinfection face au coronavirus, laissant suggérer que la situation dans le pays n’est pas aussi idyllique que les chiffres officiels ne le laissent penser.
Au Turkménistan, un Etat dirigé lui aussi par un homme fort, Gourbangouly Berdymoukhamedov, le mot «coronavirus» a carrément été retiré des brochures médicales distribuées dans les écoles, les hôpitaux et sur les lieux de travail, a affirmé RSF fin mars. Pas étonnant donc que, dans un contexte aussi opaque, aucune contamination au Covid-19 n’ait été déclaré dans le pays. La réalité est moins reluisante : les hôpitaux sont débordés par l’afflux de patients présentant des symptômes du virus, selon Radio Azatlyk, la branche turkmène de Radio Free Europe.
Peu de cas en Afrique car peu de tests ?
D’après les spécialistes, d’autres Etats sous-estiment involontairement leur nombre d’infections. «Certains pays manquent d’instruments de mesure», explique Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris et spécialiste des relations internationales. En particulier en Afrique, où peu de tests de dépistage du Covid-19 sont disponibles.
Selon les chiffres communiqués début juin par John Nkengasong, directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC), seulement 1.700 tests pour un million d’habitants ont été pratiqués sur le continent africain, bien loin des 37.000 pour un million de personnes en Italie. Si l’on prend par exemple le cas du Lesotho, qui a déclaré son premier cas de Covid-19 seulement mi-mai (4 cas confirmés depuis), le pays enclavé dans le territoire de l’Afrique du Sud n’avait par exemple ni test ni centre de dépistage jusqu’à la fin du mois de mars.
Un manque de tests qui, selon les acteurs de terrain, ne remet pas en question le constat d’un continent africain relativement épargné par le coronavirus (267.000 cas comptabilisés et 7.200 morts, soit respectivement 3,2 % et 1,6 % ds totaux mondiaux) comparé à l’Europe, l’Asie et l’Amérique.
CNews